2004, 2014 et 2018. L’ex-député fédéral de Repentigny Jean-François Larose a reconnu avoir agressé sexuellement trois femmes sur une période de 15 ans, dont une jeune employée politique embauchée le jour même. L’ancien élu du Nouveau parti démocratique (NPD) a écopé de trois ans de prison le mois dernier à Montréal pour ces sordides agressions.

Décembre 2014. Jean-François Larose offre un emploi à une étudiante de 20 ans pour de l’organisation d’événement au sein de son nouveau parti fédéral Forces et démocratie. Deux mois plus tôt, l’homme de 46 ans élu dans la vague orange de 2011 avait claqué la porte du NPD pour fonder cette éphémère formation politique.

Une fois l’entrevue terminée à Montréal, le politicien offre à la victime de se rendre à Ottawa le soir même pour la présenter à son équipe au Parlement. Il s’engage à lui payer une chambre d’hôtel. Or, à leur arrivée à 3 h du matin, il offre plutôt à la jeune femme de dormir dans une chambre d’ami à son appartement de Gatineau.

L’étudiante se couche, mais quelques minutes plus tard, Jean-François Larose se blottit contre elle en cuillère et lui touche la poitrine et les fesses. La jeune femme pleure en silence et lui dit d’arrêter de la toucher. L’élu lui répond qu’il s’agit « d’affection ». 

« L’accusé retourne la victime, la prend par les cheveux et simule des mouvements de pénétration par derrière tout en frottant son pénis toujours sur le pyjama de la victime. Cette dernière pleure en silence », indique le résumé des faits présenté en cour, le 27 août dernier.

Le lendemain, l’accusé se rend à une réunion au Parlement, alors que la victime tente de contacter une proche. Le député passe finalement la journée avec la victime, sans reparler des événements de la veille. Elle lui dit ne plus être intéressée par l’emploi. Jean-François Larose lui répond qu’il croyait qu’elle était consentante et qu’il séparait le travail et la vie privée. Encore aujourd’hui, la jeune femme souffre dans ses relations interpersonnelles en raison de son agression.

Agression sexuelle sans condom

Quatre ans plus tard, Jean-François Larose place une annonce sur Kijiji pour des travaux domestiques et des massages non érotiques.

Sa nouvelle employée lave la vaisselle pendant que l’accusé se douche. Ce dernier sort avec une serviette sur le corps et réclame un massage de deux heures. Elle réitère ne pas offrir de service de massage érotique.

La victime commence à masser l’accusé en lui mettant de l’huile sur le dos. L’ancien élu se retourne et lui demande de le masturber. La masseuse refuse, mais se résout à agir devant son insistance, malgré l’absence de consentement. Par la suite, Jean-François Larose prend la victime et la couche sur le lit. Il lui insère un doigt dans le vagin, puis la pénètre sans condom. La victime quitte les lieux, mais oublie son portefeuille, selon le résumé conjoint des faits.

Selon la preuve présentée par la poursuite à l’étape de la remise en liberté l’hiver dernier, Jean-François Larose aurait menacé la victime à la pointe d’un couteau pour l’obliger à le masturber. Après la pénétration, il aurait exigé que la victime se lave les organes génitaux avec du savon. Il aurait aussi conservé 600 $ dans le portefeuille de la victime. Cette version ne fait toutefois pas partie des faits reconnus par l’accusé lorsqu’il a plaidé coupable.

En 2004, Jean-François Larose a agressé sexuellement une femme dans son sommeil. Couché aux côtés de la victime cette nuit-là, l’accusé s’est mis sur elle et l'a maintenue en place pour l’agresser. L’accusé assure n’avoir aucun souvenir de cet événement, mais croit la version de la victime. Il a d’ailleurs présenté ses excuses à celle-ci, présente dans la salle de cour. L’ancien député s’est aussi engagé à « maximiser [s]on temps en dedans pour [s]’améliorer ».

La juge Lori-Renée Weitzman a entériné la suggestion commune des parties en imposant une peine de trois ans de détention à Jean-François Larose, de laquelle est déduit environ un an de détention préventive. Dans les faits, l’ancien député a été condamné à une peine de deux ans moins un jour, même si les trois agressions sexuelles ont eu lieu à des périodes distinctes.

Sa peine est assortie d’une probation de deux ans. L’ancien agent des services correctionnels sera aussi inscrit au registre des délinquants sexuels pour une période de 20 ans. Jean-François Larose était défendu par Me Catherine Daniel Houle alors Me Gabrielle Delisle représentait le ministère public.