(Montréal) Vous contemplez le rêve de devenir le grand patron de l’Unité permanente anticorruption (UPAC) ? Sachez qu’il ne vous reste plus qu’une dizaine de jours avant de soumettre votre candidature.

Une offre d’emploi publié récemment invite les candidats au poste de Commissaire à la lutte à la corruption à se manifester avant le 31 juillet.

L’appel de candidatures vise à établir une liste de personnes qualifiées pour le poste. Ensuite, un comité de sélection évaluera les dossiers retenus avant de recommander un candidat qui sera rencontré par le premier ministre François Legault ainsi qu’un député de chacun des partis d’opposition à l’Assemblée nationale.

L’embauche de la personne désignée par le premier ministre du Québec va finalement devoir être confirmée par un vote favorable des deux tiers des députés de l’Assemblée nationale. Il s’agit d’un mandat de sept ans, non renouvelable.

Actuellement, le parti gouvernemental — la Coalition avenir Québec — ne peut pas mathématiquement imposer un candidat puisqu’il ne dispose que de 60 % des sièges du Parlement québécois, soit 75. Il lui faudra obtenir l’appui de huit députés de l’opposition.

Bien qu’il puisse paraître inusité qu’un tel poste nécessitant des qualifications peu communes soit aussi largement diffusé, sur le web et dans les journaux, le directeur des communications de la ministre de la Sécurité publique, Jean-François Del Torchio, explique qu’il s’agit de la procédure prévue.

CAPTURE D'ÉCRAN

« C’est un appel de candidatures public, les gens sont invités à soumettre leur CV, ensuite il y a un comité de sélection qui se penche sur les candidatures retenues », indique le porte-parole de la ministre Geneviève Guilbault.

À la suite de l’adoption de la « Loi modifiant les règles encadrant la nomination et la destitution du commissaire à la lutte contre la corruption, du directeur général de la Sûreté du Québec et du directeur des poursuites criminelles et pénales », le gouvernement caquiste a ajouté ces trois postes à la liste de ceux qui nécessitent l’approbation des deux tiers des députés.

« On voulait enlever le côté partisan, ce n’est pas qu’on dit qu’il y en avait, mais on voulait éliminer la suspicion qu’il y avait de l’ingérence politique dans le processus de sélection », souligne M. Del Torchio.

Celui-ci assure également que le gouvernement n’a sollicité aucune autre candidature par l’entremise de services de recrutement, couramment appelés des « chasseurs de têtes ».

Description du poste

D’après les informations contenues dans l’offre d’emploi, il est d’abord précisé que le lieu de travail est situé dans la région de Montréal et que l’échelle salariale varie de 171 626 $ à 223 118 $ par année.

On spécifie que la lutte contre la corruption implique à la fois « les enquêtes criminelles, les enquêtes pénales, les vérifications en matière de contrats publics et dans l’industrie de la construction et le filtrage en matière d’intégrité des entreprises qui souhaitent participer aux marchés publics ».

En plus de vérifier les dénonciations reçues, le commissaire doit avoir l’initiative de lancer des enquêtes pour « détecter la commission d’actes répréhensibles ».

La liste de tâches du patron de l’UPAC inclut également la formulation de recommandations au Conseil du trésor, au ministère des Affaires municipales et de l’Habitation et au ministère de la Sécurité publique pour s’assurer de la légitimité des processus d’adjudication de contrats publics et pour prévenir la corruption.

Parmi les exigences de qualification, la personne doit détenir un diplôme universitaire dans une discipline pertinente au poste et posséder au moins dix ans d’expérience en gestion dans un secteur connexe. La personne doit aussi posséder « une bonne connaissance de l’État et de la gouvernance des organisations ainsi qu’une excellente connaissance de l’encadrement législatif et réglementaire des organisations policières ».

Avant d’être nommée, la personne désignée devra faire l’objet de vérifications « auprès d’un organisme disciplinaire ou d’un ordre professionnel » dont elle a été membre ainsi qu’auprès de ses « employeurs des dix dernières années et des autorités policières ».

L’UPAC est actuellement dirigée par un commissaire par intérim, Frédérick Gaudreau.