L’ex-spécialiste de la glace du Centre Bell François Martindale poursuit l’Aréna des Canadiens pour congédiement déguisé. Il allègue avoir été victime de harcèlement psychologique de son ex-patron pendant 20 ans.

Dans une poursuite qui jette un nouvel éclairage sur les coulisses de la société qui chapeaute le Canadien de Montréal, François Martindale allègue aussi que son ex-patron aurait commis des « irrégularités » pendant des années et que l’entreprise était au courant de la situation. La poursuite civile ne précise pas la nature de ces « irrégularités ».

Le patron visé, l’un des dirigeants les plus importants du Groupe CH, a quitté son emploi à l’automne 2017.

M. Martindale allègue avoir lui-même rapporté au sommet de la hiérarchie du club, « conformément au Code de conduite du CH », « les irrégularités commises » par ce patron, « et ce, malgré le fait que ce dernier le dénigrait et le harcelait constamment ». 

M. Martindale réclame 241 823 $ pour congédiement déguisé : il plaide avoir perdu son travail dans la foulée d’une enquête bidon qui a suivi ces dénonciations.

Les faits allégués par François Martindale dans sa poursuite civile n’ont pas été prouvés en cour. Le patron visé par l’ex-spécialiste de la glace n’est pas nommé dans la poursuite. La Presse n’a pu recueillir sa version et a donc choisi de taire son identité.

Le Groupe CH n’a pas souhaité commenter le dossier. « Nous avons comme politique de ne jamais commenter publiquement les dossiers de nos employés (passés, présents ou futurs employés) », a indiqué par courriel Paul Wilson, vice-président des communications du Groupe CH. Les avocats de François Martindale n’ont pas non plus voulu commenter le dossier hier.

M. Martindale allègue aussi que des dirigeants lui auraient indiqué, dans le cadre d’une enquête interne sur le comportement de son patron, que celui-ci était « soupçonné de commettre des irrégularités et des illégalités auprès de [L’Aréna des Canadiens] ».

« Plutôt que de faire en sorte que le harcèlement cesse, d’autres membres de la direction de la défenderesse ont alors requis du demandeur [François Martindale] qu’il les assiste afin de “monter un dossier” contre cet individu. »

François Martindale allègue également que les autres employés ayant participé à l’enquête interne « ont été remerciés après avoir dénoncé des gestes de harcèlement subis par ce cadre supérieur auprès de la direction ».

Harcèlement au travail

Dans sa poursuite, François Martindale affirme avoir subi du harcèlement psychologique de la part de son patron pendant au moins 20 ans, des années 90 jusqu’à 2017.

Quelques années après son embauche en 1994, François Martindale aurait exprimé le souhait de « diminuer son horaire [de travail] excessif ». Le présumé harceleur a « alors menacé de le congédier s’il ne respectait pas l’horaire imposé ou s’il en venait à prendre un congé de maladie », allègue la poursuite civile.

En novembre 1997, François Martindale « a fait l’objet d’un épuisement professionnel l’obligeant à prendre un congé maladie, ce qui aggrava sans fondement sa relation avec son supérieur ». En septembre 2000, M. Martindale a été congédié, mais aurait été réembauché après l’envoi d’une mise en demeure. Il « a continué de faire l’objet de harcèlement de la part de son superviseur et ce dernier a continué d’augmenter les tâches du demandeur », allègue la poursuite civile.

M. Martindale est considéré comme l’un des plus grands spécialistes sur la planète en matière d’entretien des patinoires. La glace du Centre Bell a été désignée par les joueurs comme la meilleure de la Ligue nationale de hockey lors des deux dernières saisons. 

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Vue de la glace du Centre Bell, en mai 2015

Après son départ de l’organisation en janvier 2019, M. Martindale a trouvé un autre emploi sur la côte ouest des États-Unis. Il devrait entrer en poste à l’automne 2019.

M. Martindale convient que le harcèlement a cessé après le départ de son présumé tourmenteur à l’automne 2017, mais il affirme que « la direction et les cadres supérieurs […] ont adopté une attitude de silence et d’ignorance […] visant à l’isoler ». Il a hérité de nouvelles tâches, notamment des relations avec le syndicat des employés.

En janvier 2019, M. Martindale a été informé « qu’il faisait l’objet d’une enquête interne suite à une plainte apparemment déposée par l’un de ses employés ». Le Groupe CH a indiqué à M. Martindale qu’il « aurait […] tenu des propos de nature sexuelle concernant l’enfant d’un de ses employés », ce que M. Martindale « nie vigoureusement ». M. Martindale indique aussi que son employeur a « fait allusion à des événements qui se seraient produits plusieurs années auparavant et qui n’avaient jamais auparavant été mentionnés ou portés à son attention ». M. Martindale estime que « les conclusions du rapport sont diffamatoires et ne représentent en rien la réalité ».

« Il est clair que l’enquête […] n’est qu’un subterfuge afin de pousser le demandeur à quitter son poste », allègue la poursuite.

— Avec la collaboration de Louis-Samuel Perron, La Presse