Le ministère public en appelle de l’acquittement de Robert Michael Edgar, ce citoyen qui a harcelé pendant des semaines la mairesse de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, Sue Montgomery, en 2017. La Couronne reproche à la juge d’avoir occulté la « crainte psychologique » d’une victime et d’avoir mal apprécié les « stéréotypes » entourant une victime de harcèlement.

Robert Michael Edgar – qui se fait appeler Robin Edgar – a été acquitté de trois chefs d’accusation de harcèlement criminel, le mois dernier, au palais de justice de Montréal. Les gestes qu’on lui reprochait avaient été commis entre octobre et décembre 2017, avant et après les élections municipales. Le Montréalais de 59 ans s’en prend toutefois depuis une vingtaine d’années à l’ex-journaliste de la Montreal Gazette pour son rôle prétendu dans une conspiration au sein d’une église.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Sue Montgomery, mairesse de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce

La juge Flavia K. Longo a conclu dans sa décision que Robin Edgar avait bel et bien harcelé Sue Montgomery à l’automne 2017 en publiant de nombreux messages sur les réseaux sociaux et en la rencontrant plusieurs fois dans des évènements publics. Toutefois, ce harcèlement n’était pas criminel, a tranché la juge.

Une vidéo de huit minutes montrant la mairesse en train de tenir tête à Robert Michael Edgar pendant une manifestation, en mars 2018, a permis à la juge de conclure que Sue Montgomery n’avait pas peur de son harceleur. Pourtant, l’élue martèle qu’elle avait peur ce jour-là. « J’avais appelé la police et j’étais en public. Je ne vais pas lui donner la satisfaction de montrer que j’ai peur. Mais je le suis [en proie à la peur] », avait-elle expliqué en marge de l’audience.

Devant les journalistes, Robin Edgar avait comparé ses gestes au « bon harcèlement » des résistants des nazis durant la Seconde Guerre mondiale. « Tout ce que je fais est parfaitement légitime », s’était-il défendu.

Motifs

Le ministère public relève deux motifs pour se pourvoir contre la décision. « La juge [Longo] erre en droit, dans son analyse de la crainte de la plaignante, en occultant la crainte psychologique dont peut souffrir une victime de harcèlement », indique-t-on dans l’avis d’appel déposé le 28 juin dernier par la procureure Sarah-Audrey Daigneault.

La Couronne avance également que la juge a erré en « appréciant la crainte de la plaignante à la lumière de stéréotypes quant au comportement que doit adopter une victime de harcèlement ».

Bien qu’il ait été acquitté de harcèlement criminel, Robin Edgar a été reconnu coupable il y a quelques semaines de ne pas avoir respecté ses conditions de mise en liberté avant son procès. Il doit recevoir sa peine le 5 août prochain pour ce crime.