Les importateurs rivalisent constamment d’imagination pour faire entrer de la drogue au Canada, c’est connu.
Les agents des services frontaliers en ont eu une nouvelle démonstration, le 19 février dernier, lorsqu’ils ont mis la main sur un colis qui contenait plus de 300 bonbons en forme de cœur — s’apparentant à du sucre d’orge — renfermant chacun une petite quantité d’opium, à l’établissement de traitement de courrier (ETC) Léo-Blanchette, dans l’arrondissement de Saint-Laurent, dans le nord-ouest de Montréal.
Chaque bonbon contenait deux petites boulettes d’opium emballées séparément dans de la pellicule plastique translucide.
Si on additionne le poids de chacune de ces boulettes, c’est tout de même une quantité appréciable de 3,328 kg de cette drogue qui a été interceptée. La saisie d’une telle quantité d’opium est rare au Canada.
Les bonbons étaient recouverts de papier d’aluminium. Le paquet, qui provenait d’Istanbul, en Turquie, pesait plus de 8 kg et contenait également du chocolat et du café dans lesquels aucune substance illicite n’a été trouvée.
La boîte mesurait environ 30 cm sur 30 cm sur 60 cm et avait été entourée de ruban adhésif.
Course contre la montre
Ce serait de façon aléatoire que les douaniers auraient repéré le colis et l’auraient ensuite ouvert. Ils ont balayé le contenu avec un appareil appelé « technologie de détection de traces » et constaté la présence d’opium. Ils ont par la suite communiqué avec les enquêteurs de la Division du crime organisé (DCO) du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), qui ont ouvert une enquête.
Le colis était destiné à un certain Dennis Louvie, domicilié rue Peterborough, dans l’arrondissement d’Anjou, à Montréal.
Les limiers ont rapidement déterminé que le nom sur le colis était faux et ont confirmé, après deux jours de filature, que le résidant de l’endroit était Falih Zein, un individu qui avait des antécédents criminels, notamment en matière de possession d’opium.
Le destinataire s’attendait à recevoir le colis d’une journée à l’autre, alors les policiers ont dû agir vite.
Le colis a été livré de façon contrôlée à Zein. Ce dernier l’a accepté et a signé le reçu. Après avoir passé quelques minutes dans sa résidence, il en est ressorti le colis sous le bras, est monté à bord de sa voiture et a démarré. Quelques coins de rue plus loin, les policiers l’ont intercepté et arrêté.
En perquisitionnant dans sa résidence, les enquêteurs ont trouvé des traces de virements d’argent vers la Turquie.
Zein a été accusé de trafic de drogue. Il a plaidé coupable le 11 avril et a été condamné à 21 mois d’emprisonnement le 1er mai dernier. Les trois mois passés en détention préventive soustraits, il lui restait alors un an et demi à purger.
Entrées sporadiques
Sur le marché noir, l’opium vaut environ 25 000 $ le kilo, donc la valeur de la drogue saisie est d’environ 75 000 $.
L’opium découvert dans les bonbons avait été légèrement coupé avec du café. La police croit que les 3 kg d’opium devaient être revendus pour être fumés — et non transformés en héroïne —, peut-être dans la région de Toronto.
L’opium entre ici de façon sporadique, mais tout de même régulière, car il y a un marché pour ça.
Le commandant David Bertrand, de la DCO du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM)
Des enquêteurs se souviennent d’une saisie d’opium — d’une plus petite quantité, toutefois — dissimulé dans des poupées, il y a quelques années.
En général, les quantités d’opium saisies annuellement par le SPVM sont plutôt minimes. Il n’est cependant pas le seul corps de police à saisir cette drogue.
Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.
Les quantités d’opium saisies par le SPVM ces dernières années
2015 : 0,01 kg
2016 : 0 kg
2017 : 0,13 kg
2018 : 0 kg
2019 : 3,3 kg
D’autres saisies d’opium spectaculaires
Dans les parois d’un colis
En 2012, les agents des services frontaliers ont trouvé 1 kg d’héroïne dissimulé dans les parois de carton d’un colis provenant de Turquie et arrivé à l’établissement de traitement de courrier (ETC) Léo-Blanchette, à Montréal. La Gendarmerie royale du Canada (GRC) a ensuite ouvert une enquête et arrêté un résidant de London, en Ontario.
Dans des sandales
En novembre 2012, les douaniers de l’ETC Léo-Blanchette ont saisi, dans deux colis, 2 kg d’opium dissimulés dans des sandales pour femmes. Les colis, qui provenaient de Turquie, étaient destinés à des résidants d’Ottawa et de Surrey, en Colombie-Britannique. Après enquête, la GRC a arrêté les deux destinataires des paquets.
Dans des pains de savon
En 2013, les douaniers ont intercepté huit colis à l’ETC Léo-Blanchette et saisi au total près de 9 kg d’opium cachés dans des pains de savon. Les colis, qui arrivaient de Turquie, étaient destinés à des résidants des régions d’Ottawa, Toronto et Vancouver. Un Ontarien de 47 ans a été arrêté.
Dans des bibelots
En février 2013, les agents des services frontaliers ont découvert plus de 6 kg d’opium dissimulés dans des animaux de céramique à l’ETC Léo-Blanchette. Les bibelots, qui avaient la forme de cygnes, pandas, ours, éléphants, chiens et oiseaux, se trouvaient dans un colis envoyé de la Turquie et destiné à une adresse au Québec. Ils s’étaient brisés durant le trajet, et la forte odeur d’opium qui s’en échappait avait attiré l’attention des douaniers.