Sylvain Beaudry, un ancien motard Bandidos qui a témoigné contre ses frères d’armes et permis l’arrestation des derniers résistants de la guerre des motards au début des années 2000, s’adresse à la Cour supérieure pour forcer la Sûreté du Québec (SQ) à le protéger, et ce, dans les plus brefs délais.

Beaudry, qui poursuit le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) et le Procureur général du Québec pour 2,7 millions, a été immortalisé par La Presse le 16 mai alors qu’il est arrivé fin seul, sans protection policière, au palais de justice de Montréal, où sa cause était entendue.

La scène avait de quoi étonner quand on connaît les importantes mesures de sécurité qui entourent normalement les collaborateurs de l’État.

« Ça n’a pas de bon sens. J’aurais pu croiser quelqu’un qui m’en veut. Il aurait pu m’attendre dehors, aurait pu tirer, et un citoyen aurait pu être blessé. On peut imaginer tous les scénarios, mais à l’époque où j’étais sur le programme de protection de témoin, cela aurait été impensable », a pesté Sylvain Beaudry, en entrevue avec La Presse.

Des sorties fracassantes

Beaudry n’a pas été de tout repos pour les autorités au cours des dernières années. Après l’arrestation de Benoit Roberge à l’automne 2013, il est sorti publiquement pour dire que l’enquêteur vedette déchu l’avait piégé pour le recruter.

Après qu’un ancien membre des Rock Machine eut été arrêté en possession d’une arme, près de chez lui, Beaudry a accusé le SPVM et le Procureur général du Québec (PGQ) d’avoir manqué à leur devoir.

Enfin, il a aussi déclaré avoir été forcé de se parjurer lors de son témoignage au procès de Tony Duguay, un Rock Machine condamné pour le meurtre du Hells Angel Normand Biff Hamel en avril 2000. Duguay a été libéré après les déclarations de Beaudry et il poursuit lui aussi le SPVM pour 6,5 millions.

Le SPVM, qui protégeait Beaudry, l’a exclu de son programme de protection. Le délateur affirme que la SQ a accepté de prendre le relais, et qu’elle devait le protéger lors de ses déplacements pour sa cause civile, mais ce n’est pas ce qui s’est passé le 16 mai.

Personne n’a voulu faire de commentaires à la SQ. En revanche, une source policière a expliqué que Beaudry avait signé son contrat avec le SPVM et non avec la SQ, que cette dernière n’avait aucune obligation légale de le protéger et que le délateur se plaçait « lui-même constamment en situation de bris de sécurité ».

De son côté, Beaudry affirme que la police veut le punir parce qu’elle a peur de ce que l’ancien enquêteur Benoit Roberge pourrait dire s’il témoigne dans sa cause au civil.

Sans travail ni argent

Depuis qu’il a retourné sa veste, Beaudry a fait l’objet de deux changements d’identité, un en 2006-2007 et l’autre en 2015.

Dans une demande en gestion particulière de l’instance additionnelle à sa poursuite originale, il reproche au SPVM et au PGQ de ne pas avoir pris toutes les mesures nécessaires pour communiquer son changement d’identité.

Il affirme qu’il ne peut pas obtenir ses dossiers médicaux, qu’il est privé de la reconnaissance de ses compétences acquises dans le secteur de la construction, qu’il est incapable de trouver un emploi et que, par conséquent, il ne peut faire de demande de prestations accordées par la Loi sur l’aide aux personnes et aux familles. Beaudry demande une somme de 633 $ par mois compte tenu de l’absence totale de ressources.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.