L’ex-conseiller politique libéral Martin Lapointe a reconnu avoir exploité sexuellement trois adolescents de 16 et 17 ans dans les années 2000. L’homme de 47 ans a profité de sa position de confiance comme animateur scout pour avoir de multiples contacts sexuels. Il avait développé un attachement affectif « père-fils » avec l’une de ses victimes.

Le juge Serge Delisle a déclaré coupable, lundi dernier, Martin Lapointe de deux chefs d’accusation pour avoir touché sexuellement le corps d’un adolescent et d’un chef pour avoir invité un adolescent à toucher directement un autre adolescent. L’accusé était en « situation de confiance » auprès des jeunes dans les trois cas.

Il a toutefois été acquitté des trois chefs d’agression sexuelle et a profité d’un arrêt conditionnel pour les neuf autres chefs. Il s’agissait d’une suggestion des parties, alors que son procès devait s’ouvrir lundi dernier.

Martin Lapointe a déjà dirigé le bureau de circonscription de l’ex-ministre libérale Lise Thériault, alors qu’elle était ministre de la Sécurité publique. Il a aussi été « conseiller spécial » de l’ex-ministre de l’Environnement David Heurtel.

Mais, avant cette carrière politique, Martin Lapointe s’était impliqué dans le mouvement scout au début des années 2000. Dans la jeune trentaine, il était commissaire du district de Montréal des scouts. Il côtoyait souvent sa première victime la fin de semaine pendant des activités de bénévolat. Le garçon de 16 ans s’était alors confié à lui au sujet de son identité sexuelle.

Puis, un soir, Martin Lapointe et l’adolescent ont regardé des films pornographiques en consommant de l’alcool. Ils se sont ensuite masturbés et fait des fellations. Devenue adulte, la victime a dénoncé cette situation en 2008 à un responsable de l’organisation des scouts du Montréal métropolitain, ce qui a mené à la démission de l’accusé.

Martin Lapointe était l’animateur scout de sa seconde victime en 2005. Ils ont noué dans les années suivantes une relation d’attachement presque « père-fils », au point de se fréquenter en dehors du mouvement scout.

De fil en aiguille, ils ont eu des contacts sexuels, alors que le garçon avait 16 ans. Ces gestes se sont répétés entre 10 et 20 fois, parfois au travail ou au chalet de l’accusé, jusqu’à la majorité de la victime. Notons que les deux hommes ont poursuivi leur relation jusqu’en 2016. Martin Lapointe a même hébergé le jeune homme pour le sortir de la rue et l’a encouragé à aller en thérapie, relève-t-on dans les admissions communes.

La troisième victime a dévoilé son homosexualité à Martin Lapointe pendant un camp scout en 2007. L’animateur était alors en situation de confiance auprès de l’adolescent qu’il connaissait depuis des années. Pendant ce camp, Martin Lapointe a incité le garçon et sa deuxième victime à avoir des contacts sexuels entre eux, pendant qu’il les regardait.

« M. Lapointe regrette amèrement l’énorme manque de jugement dont il a fait preuve par le passé et reconnaît le tort que ses gestes ont pu causer aux victimes », a indiqué à La Presse son avocat, Me Kaven Morasse. M. Lapointe suit depuis près de deux ans et demi une thérapie psychosexologique spécialisée, a ajouté Me Morasse.

Le juge a ordonné la confection d’un rapport présentenciel en vue de l’imposition de la peine. Me Amélie Rivard représente le ministère public. La cause revient le 29 août.