André Sauvageau, membre des Hells Angels et dernier accusé de l’enquête Magot par laquelle la police a décapité le crime organisé montréalais en novembre 2015, est décédé de façon naturelle dimanche, a appris La Presse de plusieurs sources.

Selon nos informations, Sauvageau, 62 ans, serait mort à la suite de problèmes cardiaques mais une autopsie sera pratiquée pour confirmer les causes du décès. Celui-ci aurait été constaté dans la cellule du défunt, au Centre de détention Rivière-des-Prairies dimanche matin.

André Sauvageau, alias Frisé, était accusé de gangstérisme, complot et trafic de stupéfiants. Il avait été arrêté dans la foulée de l’enquête Magot-Mastiff par laquelle l’Escouade régionale mixte (ERM) et l’Unité des produits de la criminalité de la Sûreté du Québec ont décapité une alliance motards-mafia-gang qui dirigeait le crime organisé montréalais depuis la mort naturelle du parrain Vito Rizzuto en décembre 2013.

Il y a quelques jours, Sauvageau a renoncé à une révision de son cautionnement en vertu de l’Arrêt Myers par lequel la Cour suprême du Canada a dépoussiéré dernièrement un article de loi voulant qu’un prévenu emprisonné depuis plus de 90 jours peut se présenter devant un juge et demander sa libération en attendant la suite des procédures. Il devait revenir en cour le 6 juin.

Le trio des anciens Rock Machine

André Sauvageau est un ancien membre des Rock Machine qui ont livré une guerre sanglante aux Hells Angels entre 1994 et 2002. Au début des années 2000, il est passé dans le camp ennemi, avec d’autres de ses confrères.

Il s’est d’abord retrouvé dans la section des Nomads d’Ottawa avant d’être récupéré, en 2004, dans le chapitre des Hells Angels de Montréal avec deux de ses anciens compagnons d’armes des Rock Machine, Salvatore Cazzetta et Gilles Lambert.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Le Hells Angel Salvatore Cazzetta

Les trois hommes étaient très proches.

Selon des policiers, Sauvageau, Lambert et Cazzetta ont tenu le fort des Hells Angels au tournant des années 2010 et permis à ceux-ci de conserver une certaine force, alors que la quasi-totalité des membres québécois étaient détenus depuis l’opération SharQc menée en avril 2009.

Durant l’enquête Magot effectuée de 2013 à 2015, André Sauvageau était soupçonné être le patron d’un réseau de trafic de stupéfiants qui opérait dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve. Il n’aurait toutefois pas hésité à déléguer certains de ses pouvoirs au chef du gang des Bronzés, Gregory Woolley, et aux adjoints de ce dernier, Dany Spinces Cadet et Jean-Winsing Barthelus.

PHOTO ARCHIVE LA PRESSE

Le chef du gang des Bronzés, Gregory Woolley

Sauvageau avait des antécédents de possession de stupéfiants en vue de trafic (1988) et de complot pour possession d’armes et d’explosifs (1995).

Au cours des dernières années, d’autres Hells Angels du Québec Lionel Deschamps et Gaetan Comeau, ont péri des suites d’une maladie alors qu’un autre, Kenny Bédard, est décédé dans une collision routière au Nouveau-Brunswick.

On doit maintenant s’attendre à ce que les funérailles d’André Sauvageau aient lieu dans les prochains jours dans la région de Montréal et que des dizaines de membres des Hells Angels et de leurs clubs écoles ou sympathisants y assistent.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.