Des militants environnementalistes ont perturbé le congrès de l’Association pétrolière et gazière du Québec — tout juste rebaptisée l’Association de l’énergie du Québec — lundi matin, à Montréal.

Certains d’entre eux ont collé leurs mains avec de la «superglue» à des portes de la salle de conférence pour dénoncer ce changement d’appellation — à leurs yeux purement cosmétique.

Un des militants, Anthony Garoufalis-Auger, explique avoir voulu «démasquer» les membres de l’industrie qui «se donnent une autre image pour que les gens pensent qu’ils font partie de la solution».

Éric Tétreault, porte-parole de l’AEQ, soutient qu’un nouveau nom et un nouveau logo étaient nécessaires pour rendre compte de la «véritable révolution» menée par l’industrie, qui développe selon lui des technologies inédites et se montre à l’écoute des communautés locales.

«On n’est plus dans le pétrole et dans le gaz conventionnel», fait-il valoir.

M. Tétreault précise par ailleurs que «les joueurs issus du secteur pétrolier ne feront pas partie de l’association».

M. Garoufalis-Auger maintient néanmoins que le retrait des mots «pétrolière» et «gazière» — dorénavant indissociables des changements climatiques dans l’imaginaire collectif — ne reflète pas les activités de ce type de lobby, qui « veut continuer de produire des énergies fossiles et qui va nous amener vers notre extinction ».

Après s’être laborieusement retiré la colle des doigts avec un stylo à la suite de l’intervention des policiers, il se félicite d’une «action directe» réussie.

Éric Tétreault invite pour sa part les militants à «aller au-delà des manifestations» et à accepter ce qu’il définit comme la main tendue de son industrie.

«La meilleure façon pour ces gens-là de passer le message, c’est d’être avec nous autres, prétend-il. La seule chose qu’on leur demande, c’est d’avoir une écoute aussi grande que nous on l’a pour eux.

«Tout le monde est d’accord pour sortir le plus vite possible de l’ère des hydrocarbures, avance-t-il. Ça va prendre un certain temps et faut le faire de façon intelligente.»

Un appel à la désobéissance civile

La perturbation de lundi matin a été organisée par la branche québécoise d’«Extinction Rebellion», un mouvement né au Royaume-Uni l’automne dernier.

«On prône la désobéissance civile de masse non violente», explique M. Garoufalis-Auger, pour qui l’inaction gouvernementale justifie maintenant des formes de protestation plus musclées.

Le sociologue de l’environnement René Audet constate l’avènement d’une nouvelle génération d’écologistes, qui ne correspondent pas au «profil type» du militant professionnel impliqué dans une ONG.

«Ce qu’on voit apparaître, ce sont des mouvements beaucoup plus spontanés», explique le professeur et titulaire de la Chaire de recherche sur la transition écologique de l’Université du Québec à Montréal.

«C’est comme si on était dans une deuxième prise de conscience environnementale, après les années 1970.»