Un enfant pris en otage devant les policiers, un artiste tué devant sa femme, un père tiré dans le dos en fuyant. Septimus Neverson a-t-il commis ces crimes extrêmement violents ? Le premier témoin de la défense est venu semer le doute mercredi sur l’identité de l’auteur de la vague d’invasions à domicile qui a sévi à Montréal et Laval entre 2006 et 2009.

Un homme noir cagoulé à l’accent étranger mène stoïquement un braquage à domicile, blesse un citoyen et tire un coup de feu. Une dizaine de victimes ont décrit sensiblement le même modus operandi pendant le procès pour meurtre et tentatives de meurtre de Septimus Neverson. Mercredi, une Lavalloise a raconté une histoire en tout point similaire. Or, l’accusé de 56 ans ne fait face à aucune accusation par rapport à ce crime.

12 juin 2006, Marisa Guerrera est « obsédée » par la récente vague d’invasions à domicile qui sévit dans l’ouest de Montréal. « J’étais vraiment vigilante », témoigne-t-elle. Un soir, vers minuit, elle croise un homme suspect dans un véhicule dans le quartier Vimont. Elle rentre chez elle, mais n’arrive pas à fermer la porte, bloquée par un homme.

« Il me frappe à la tête avec la base d’un pistolet et tire vers le plafond. Je m’évanouis quelques secondes. Il crie : “Lève-toi ! Lève-toi ! Allume la lumière !” Je me regarde dans le miroir et j’ai du sang sur le visage », raconte d’un trait Marisa Guerrera, fébrile à la barre des témoins.

Son agresseur porte une tuque et un foulard noir. Elle ne voit donc que ses yeux et son nez. Il exige des bijoux et de l’argent. Apeurée, elle le mène dans la chambre de ses parents. Soudain, le téléphone de la jeune femme sonne. Elle insiste pour répondre à son conjoint et lui fait comprendre qu’elle est en danger.

« Il m’a dit : “Prends tes clés et ta voiture”. Je connaissais déjà la manœuvre [drill], parce que j’avais lu des histoires où [les gens] étaient amenés au ATM », relate-t-elle. Or, quelques secondes plus tard, l’agresseur s’était déjà enfui avec son magot. 

Impossible d’identifier le voleur, puisqu’elle n’a vu que ses yeux et son nez, explique-t-elle. Toutefois, il mesurait environ 5pi9po, était noir et parlait en anglais, mais avec un accent francophone. « Ce n’était pas un anglophone », a-t-elle expliqué. « Il n’était pas latino. Je vis à Montréal, alors je peux reconnaître un accent français. Ça pouvait aussi être haïtien, mais je ne peux pas confirmer ça. Mais définitivement pas anglophone. »

En contre-interrogatoire, Mme Guerrera a toutefois précisé que son agresseur n’avait pas un accent « canadien-français ». « Il est peut-être né ici, mais il est ethnique. Il pouvait être haïtien », a-t-elle précisé. Pouvait-il être caribéen ou de Trinité-et-Tabago, lui a alors suggéré la procureure de la Couronne Me Catherine Perreault. « Oui », a-t-elle répondu.

L’accent de Septimus Neverson, originaire de Trinité-et-Tobago dans les Antilles, est au cœur du procès. Plusieurs témoins de la Couronne ont eu du mal à identifier l’accent du voleur masqué. Par contre, un témoin atteint à la main en juillet 2006 a assuré que son agresseur avait un accent trinidadien.

Le procès de Septimus Neverson, amorcé en octobre dernier, se poursuit demain à Montréal. L’accusé ne sera pas appelé à la barre, a indiqué ses avocats Me David Petranic et Me Sabrina Lapolla.