(Québec) La fillette de 7 ans qui est décédée à Granby était «connue» de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ), a confirmé le gouvernement Legault, mercredi. Il a ordonné une enquête administrative pour faire la lumière sur le drame.

Le dernier signalement sur le cas de l’enfant à la DPJ date du mois d’avril, il y a quelques jours seulement, a révélé le ministre délégué à la Santé, Lionel Carmant.

«Elle était connue de la DPJ depuis le plus jeune âge, a-t-il reconnu, mais je ne peux pas vraiment commenter sur le reste.»

«Les résultats auxquels on fait face, clairement, montrent qu’il y a eu des problèmes dans la gestion du dossier.»

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Des voisins ont laissé des fleurs ainsi que des toutous devant la résidence de la fillette de 7 ans.

La jeune fille a succombé à ses blessures mardi. Elle avait été trouvée ligotée dans la maison familiale. Son père et sa belle-mère ont été arrêtés et accusés de séquestration. La femme est aussi accusée de voies de fait graves contre l’enfant.

Trois enquêtes

M. Carmant a demandé au Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSS) de l’Estrie de mener une analyse «dans les plus brefs délais» pour déterminer comment la DPJ a traité le cas de la fillette. Le ministre a également demandé à la Commission des droits de la personne de se pencher sur le cas. À cela s’ajoute l’enquête policière qui est en cours.

Au total, trois enquêtes se dérouleront donc simultanément.

«La DPJ est toujours imputable, a dit le ministre. Mais effectivement, on veut éclaircir ce qui s’est produit: pourquoi cet enfant a été géré de cette façon et pourquoi on est face à un résultat terrible aujourd’hui.»

Plus tôt dans la journée, le premier ministre François Legault a lui aussi dit vouloir comprendre pourquoi la fillette n’a pas été prise en charge par le centre jeunesse de sa région.

«C’est épouvantable, ce qui est arrivé avec cette petite fille, a déploré M. Legault. J’ai regardé la possibilité de faire une enquête. On est en train de l’examiner.»

Listes d’attente

Bien qu’il n’ait pas fourni davantage de détails sur le cas de la fillette à Granby, le ministre Carmant s’est dit préoccupé par l’ampleur des listes d’attente dans les différentes directions régionales de la DPJ.

Fin mars, on comptait 3300 personnes en attente d’évaluation dans la province, a révélé le ministre. De ce nombre, environ 400 cas se trouvent en Estrie.

La DPJ a reçu pour la première fois plus de 100 000 signalements l’an dernier, a indiqué M. Carmant. En guise de comparaison, il y a eu moins de 84 000 naissances dans la province pendant la même période.

«Ce qui est inquiétant, c’est le nombre d’enfants qui sont signalés pour négligence ou suspicion de négligence, a convenu le ministre. Il faut voir ce qui se passe au niveau du système pour expliquer cette augmentation importante du nombre de signalements. Je ne pense pas que ce soit, pour notre société en général, un bon signe.»

Réforme réclamée

La députée du Parti libéral, Hélène David, presse le gouvernement Legault de lancer une réforme plus large de la protection la jeunesse.  

«C’est une urgence sociale, a dit Mme David. Ce cas-là est peut-être un révélateur dramatique, bouleversant, et je pense que le ministre doit dès aujourd’hui avec la ministre de la Santé et tout le gouvernement trouver les meilleures solutions possibles.»