Un ancien policier de la Sûreté municipale de Repentigny, condamné pour avoir donné des informations à un criminel qui travaillait pour la police et pour avoir transporté 10 000 comprimés de méthamphétamine, sensibilisera les policiers aux conséquences de ses gestes.

Cet ex-policier, Carl Ranger, a accepté une demande de la Sûreté du Québec de participer à une vidéo et de donner des conférences, bénévolement, aux corps de police, pour raconter son expérience et empêcher que d’autres fassent comme lui. 

Les commissaires québécois aux libérations conditionnelles ont accepté lundi d’accorder une sortie préparatoire à Carl Ranger, en prévision de sa libération conditionnelle.

Ranger, 41 ans, a purgé le sixième d’une peine de 18 mois. Il a été arrêté il y a un an dans la foulée d’une importante enquête de la Sûreté du Québec baptisée Objection, visant des réseaux de trafic de stupéfiants liés aux Hells Angels.

Ayant d’importantes dettes, Ranger, qui était policier à Repentigny depuis 2004, a demandé à un criminel de lui prêter 10 000 $. L’homme a accepté, mais a exigé de Ranger qu’il lui fournisse des informations nominatives, telles des coordonnées associées à des plaques d’immatriculation. À la demande du même individu, Ranger a également accepté de livrer 10 000 comprimés de méthamphétamine à un autre trafiquant. Carl Ranger l’ignorait, mais l’homme travaillait pour la police et était au cœur d’une importante enquête policière.

Choc post-traumatique

Aux commissaires, Ranger a expliqué avoir découvert une femme assassinée en 2008, avoir ensuite subi un choc post-traumatique et n’avoir pas reçu d’aide psychologique durant sept mois. Cette affaire a causé chez lui une certaine insatisfaction. Il s’est mis à consommer plus d’alcool et à connaître des problèmes d’argent en raison d’un salaire amputé. Il a été blessé à une jambe en 2015, son salaire a de nouveau été réduit, et ses dettes se sont amplifiées, pour cette raison et plusieurs autres. 

L’ex-policier a admis avoir fait les mauvais choix et a dit regretter ses gestes. « Vous dîtes ne plus vouloir vivre un tel cauchemar », écrivent les commissaires. 

Ranger affirme que sa situation financière est aujourd’hui assainie, qu’il ne vit plus au-dessus de ses moyens et qu’il veut reprendre l’emploi qu’il occupait avant sa condamnation, lui qui a quitté la police peu après son arrestation au printemps 2018.

« Vous avez profité de votre statut de policier pour remettre des informations privilégiées à des criminels. Votre statut et les valeurs inhérentes à votre emploi n’ont pas suffi à vous préserver de poser des gestes hautement répréhensibles et dont les conséquences pour la société sont grandes. Vos gestes ont aussi des impacts sur la confiance du public envers l’institution de la police », déplorent les commissaires.

Par contre, ceux-ci soulignent des risques de récidive faibles et reconnaissent que Ranger a rétabli sa situation personnelle et épuré son réseau social.

Ils ont accepté de libérer Ranger en lui imposant des conditions, notamment de suivre et de compléter une thérapie psychologique avec un professionnel, et de rencontrer un planificateur financier dans le but notamment de l’aider à rembourser ses dettes restantes.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse