Le propriétaire de deux chiens considérés «à risque» devra faire évaluer leur comportement, même s’il estime que l’incident survenu dans le vestibule d’un immeuble résidentiel d’Anjou était sans gravité, et qu’il ne comprend pas pourquoi l’affaire s’est retrouvée devant un juge.

«Il n’y a pas eu de morsure!», s’est défendu Mohamed Taleb, le propriétaire des bêtes de race American bully, en plaidant sa cause auprès du juge Yves Poirier, jeudi matin, au Palais de justice de Montréal.

«Pourquoi est-ce que je dois venir ici, pourquoi y a des médias à côté de chez moi?»

«Il est arrivé des événements très tristes, regrettables, des décès dans les dernières années», lui a expliqué le juge. «Actuellement, toutes les démarches relatives à l’encadrement des animaux qu’on considère dangereux, ça attire l’œil du public. Les gens veulent avoir l’information sur ces questions.»

Il faisait référence notamment au décès de Christiane Vadnais, tuée en juin 2016 par le pitbull de son voisin, dans sa cour, à Pointe-aux-Trembles, et à d’autres attaques par des chiens ayant blessé plusieurs personnes ces dernières années.

Le juge de la Cour supérieure venait d’autoriser la Ville de Montréal à saisir les deux chiens, Boogie et Beamer, parce que leur maître ne s’est pas présenté aux deux rendez-vous fixés pour faire évaluer leur dangerosité par un expert.

Les agents de contrôle animalier ont même obtenu le droit d’entrer dans l’appartement de Mohamed Taleb par leurs propres moyens pour capturer les bêtes, si leur maître ne collaborait pas.

Cette évaluation avait été jugée nécessaire à la suite d’un incident survenu en janvier dernier, dans l’entrée du bloc de six logements où réside M. Taleb avec ses animaux.

L’un des chiens a mordu le pantalon du propriétaire de l’immeuble, qui a porté plainte aux autorités municipales.

D’autres locataires de l’immeuble se seraient aussi plaints du comportement agressif des bêtes.

«Le propriétaire s’est approché de ma femme, il est allé directement vers elle, a expliqué Mohamed Taleb. Le vestibule est tout petit. Mais le chien n’allait pas mordre.»

Après une première visite, à la suite de l’incident, un employé du contrôle animalier a estimé que les chiens devaient être évalués par un expert, pour assurer la sécurité du public.

Leur maître affirme qu’il accepte l’évaluation, mais que les dates proposées ne lui convenaient pas et qu’il n’a pas réussi à obtenir de nouveau rendez-vous.

Mohamed Taleb s’est impatienté dans la salle d’audience, accusant le propriétaire de l’immeuble d’avoir menti. Il est arrivé en retard au Palais de justice, après que le jugement ait été prononcé, mais le juge lui a tout de même permis de faire valoir ses arguments. «Je suis un jeune homme de 32 ans, pensez-vous que j’ai le temps pour ça?», a-t-il lancé. «C’est trop pour moi, monsieur le juge, je suis vraiment désolé.»

«On ne vous accuse de rien, c’est une démarche administrative, a répondu le juge Poirier. Il y a peut-être eu des malentendus. Mais si vous donnez votre accord pour qu’on examine le comportement des chiens, on va bien s’entendre.»