Si le nombre de meurtres examinés par les enquêteurs des Crimes contre la personne de la Sûreté du Québec (SQ) est resté relativement le même que l'an dernier, c'est sur le plan de la présence en cour des limiers pour des procès que 2018 s'est démarquée.

« Nous avons eu 30 dossiers qui ont roulé aux assises. Normalement, j'en ai entre 8 et 12. On a enquêté sur autant de dossiers de meurtre que l'an dernier tout en étant dans trois fois plus de procès. Je n'ai jamais vu ça depuis les 13 ans que je suis aux crimes contre la personne », explique le grand patron de la division, le capitaine Christian Michaud.

« Dans nos enquêtes cette année, on a beaucoup sollicité nos autres collègues des crimes majeurs, du crime organisé, des sûretés municipales, ce qui nous a permis de répondre présents. »

« À un moment donné, j'avais six procès en même temps. J'ai 40 enquêteurs et régulièrement, il y a eu des journées où tout le monde était sur la route. »

- Christian Michaud, capitaine de la SQ

Au 19 décembre, la Sûreté du Québec avait enquêté sur 42 dossiers de meurtres survenus sur son territoire, pour un total de 46 victimes. 

Le capitaine Michaud remarque que cette année, il y a eu moins d'homicides commis dans un contexte de violence conjugale et dans les milieux autochtones.

Les grandes différences avec l'an dernier, ce sont la diminution sensible du nombre de dossiers comptant plusieurs victimes et une hausse quand même appréciable du nombre de meurtres liés au crime organisé et au trafic de stupéfiants. Ces crimes généralement plus longs à élucider contribuent à ce que le taux de résolution soit un peu plus faible cette année.

Quelques affaires marquantes

Pour le capitaine Michaud, tous les dossiers sont importants, mais en 2018, il retient notamment le meurtre d'Ophélie Martin-Cyr, 21 ans, trouvée dans un champ de Yamachiche en octobre.

Deux individus ont été arrêtés relativement à cette nébuleuse affaire à laquelle est également liée la découverte des corps de deux hommes, Steve Lamy et Jean-Christophe Gilbert, dans un véhicule incendié. Aucune accusation n'a encore été déposée relativement aux meurtres de Lamy et de Gilbert.

Comme ç'a été le cas cette année au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) - et deux fois plutôt qu'une -, la SQ a également eu un dossier dans lequel le corps de la victime, Gilles Giasson, abandonné dans un terrain d'enfouissement de la région de Trois-Rivières, n'a jamais été trouvé. Par contre, les enquêteurs ont trouvé suffisamment d'éléments pour accuser le fils de la victime.

« On a fait une grosse scène de crime qui a duré plusieurs jours dans le dépotoir. On a eu besoin de l'expertise externe à la Sûreté du Québec et des gens du site d'enfouissement, les opérateurs et les gestionnaires. On a eu à travailler avec des gens qui ne sont pas habitués à travailler dans ces circonstances », se souvient le capitaine Michaud. 

De plus, il est particulièrement fier que ses troupes aient résolu cette année le meurtre de Jacques Choquette commis en 2016, et que des accusations aient été portées contre trois individus.

« Pendant deux ans, on a misé sur les liens de confiance avec la famille de la victime. Cela démontre que ce n'est pas parce qu'on n'élucide pas le crime dans la première semaine qu'on ne continue pas de travailler », déclare fièrement l'officier.

Une technique envisagée

Récemment, le SPVM a annoncé qu'il avait envoyé aux États-Unis l'ADN d'un suspect dans le meurtre sordide d'une jeune femme, Catherine Daviau, commis en 2008.

L'ADN a été soumis à une nouvelle technique appelée « phénotypage » et grâce à laquelle les techniciens des laboratoires américains ont pu déterminer, par exemple, la couleur des cheveux et des yeux d'un suspect potentiel, et la région du monde d'où sa famille et lui seraient originaires. 

C'était une première pour un corps de police au Québec, et la SQ n'exclut pas d'avoir recours elle aussi à cette technique en 2019.

« L'ensemble des services de police qui [enquêtent sur] des meurtres s'intéressent à cette technique. La SQ est très intéressée, mais nous n'avons pas encore identifié de dossier. Ce ne sont pas tous les dossiers qui se qualifient pour ce genre de technique. C'est un outil d'enquête de plus. C'est à prendre avec prudence, mais à regarder avec grand intérêt », souligne M. Michaud.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l'adresse postale de La Presse.