Leonardo Rizzuto était devenu « l'éléphant dans la pièce » et s'il a été arrêté par les policiers en 2015, c'est uniquement en raison de son nom de famille et non en raison de la preuve accumulée par les policiers.

C'est l'un des arguments présentés par son avocat, Me Frank Adario, au premier jour du procès du fils cadet de Vito Rizzuto, accusé de possession d'armes et de possession de cocaïne. Rizzuto a été arrêté le 19 novembre 2015, jour de l'opération policière Magot par laquelle la police a décapité une alliance mafia-motards-gangs qui dirigeait le crime organisé montréalais. En perquisitionnant sa maison de Laval, les policiers ont trouvé deux pistolets, dont un chargé, et cinq grammes de cocaïne.

Rizzuto était également accusé de complot pour trafic de stupéfiants et gangstérisme mais il a été libéré de ces chefs lorsqu'un juge a déclarée illégale l'écoute de la police effectuée dans le bureau de l'ancien criminaliste Loris Cavaliere, et cassé les mandats d'écoute qui s'y rattachaient.

Leonardo Rizzuto adopte la même tactique pour les accusations qui lui restent. Au premier jour de son procès mercredi, au Palais de justice de Montréal, il a présenté une requête visant à casser le mandat qui a permis à la police de fouiller sa résidence. S'il y parvient, les dernières accusations tomberont elles aussi.  

L'éléphant dans la pièce

Assis dans la salle en compagnie de sa soeur, Libertina, Leonardo Rizzuto a paru détendu. Il a écouté avec attention les plaidoiries de son avocat torontois.

D'emblée, Me Adario a indiqué que la police n'avait rien entre les mains qui lui permettait de croire que son client était impliqué dans le trafic de stupéfiant lorsqu'elle a fait irruption chez lui et que l'enquête Magot était déjà minée par les brèches dans la Charte des droits et la vie privée.

« La police a agi avec négligence. C'était une partie de pêche », a dit Me Adario.

« Leonardo Rizzuto a un nom de famille célèbre en raison de tout ce que les journaux ont écrit sur son père, un criminel connu. Aurait-on agi de la même façon si le nom de mon client aurait été Joe Smith plutôt que Rizzuto ? », a questionné le criminaliste devant la juge Julie Riendeau de la Cour du Québec.

Me Adario a affirmé que ni la filature policière ni l'écoute électronique n'a démontré que Leonardo Rizzuto aurait pu être impliqué dans le trafic de stupéfiant.

Méticuleusement, il a égrainé les propos des neuf sources policières citées dans l'affidavit au soutien des mandats de perquisition de l'enquête Magot, et souligné qu'à l'origine, le projet d'enquête visait principalement quatre mafiosi : Vito Rizzuto (mort de façon naturelle en décembre 2013), Stefano Sollecito, Tonino Callocchia (tué en 2014) et Marco Pizzi.

Il a affirmé qu'aucune des sources policières ne parle de Leonardo Rizzuto, sauf une, la source JJ.

Celle-ci a déclaré aux policiers qu'après la mort de Vito Rizzuto, Stefano Sollecito, Tonino Callocchia, Vito Salvaggio et Leonardo Rizzuto étaient les nouveaux « décideurs » de la mafia, et que Leonardo utilisait son titre d'avocat pour passer des messages.

« Il n'y a pas de détails, les informations sont de nature générale et leur provenance n'est pas claire. On ne sait pas si la source a été contaminée par les médias », a critiqué Me Adario.

La défense a fini sa plaidoirie. La poursuite, assurée par Me Matthew Ferguson et Me Marie-Christine Godbout, plaidera jeudi matin.   

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