Un couple de quinquagénaires soupçonné d'avoir séquestré dans son sous-sol un couple vulnérable pendant quatre ans a comparu vendredi au palais de justice de Trois-Rivières.

Les accusés, Marie-Jeanne Côté, 54 ans, et son conjoint, Guy Boileau, 55 ans, ont été libérés sous conditions.

Sarah Chatterley, fille de l'accusée, dément les accusations qui pèsent sur sa mère et son beau-père.

Selon la jeune femme, les présumées victimes de séquestration et sa famille vivaient à cinq une « vie normale ».

« Ils sortaient quand ils voulaient, ils faisaient leurs activités quand ils voulaient », a-t-elle assuré vendredi après-midi, lorsque La Presse l'a rencontrée au bungalow de son beau-père.

Elle a aussi raconté que les deux couples mangeaient ensemble à la même table tous les soirs. Et que leurs quatre années de cohabitation avaient été « tout à fait normales ».

Pour la police de Trois-Rivières, des raisons tangibles justifiaient une arrestation. 

« Il y a un contrôle physique et psychologique qui s'est installé entre ces deux couples, les gens ont été séquestrés contre leur volonté pendant plusieurs jours par le biais de verrous. »

- Le sergent Luc Mongrain, de la police de Trois-Rivières

Au départ, les présumées victimes auraient hésité à dénoncer ceux qui les auraient séquestrés. « C'est le même principe que dans certains cas de violence conjugale, les victimes peuvent être hésitantes à porter plainte de peur de voir leur situation se détériorer encore plus », explique le sergent Mongrain.

Outre l'accusation de séquestration, trois autres chefs pèsent sur Marie-Jeanne Côté et Guy Boileau : voies de fait, menace de mort et extorsion.

DÉMÉNAGEMENT À TROIS-RIVIÈRES

Selon Sarah Chatterley, sa mère aurait eu des échanges par internet avec le couple de sexagénaires avant de faire leur rencontre près de Rimouski, en 2014. En septembre de la même année, elle les aurait emmenés vivre chez son nouveau conjoint, rue des Pics-Bois, à Trois-Rivières, dans le secteur Pointe-du-Lac. Selon la police, Mme Côté les avait pris en charge notamment parce que la femme du couple éprouvait des problèmes cognitifs.

Pendant les quelque quatre années où les présumées victimes de séquestration ont vécu au domicile de M. Boileau, elles auraient été enfermées de trois à quatre jours de suite, puis laissées libres de bouger à leur gré.

Leurs finances auraient été entièrement contrôlées par le propriétaire de la maison et sa conjointe, selon la police.

Cette situation se serait maintenue jusqu'en août 2017, date à laquelle la femme logeant chez les Boileau-Côté a été hospitalisée. Après avoir reçu des soins médicaux, la dame n'est plus retournée dans le bungalow.

Sarah Chatterley se souvient du moment où la dame a dû être hospitalisée. « Elle a fait une crise, elle disait qu'elle voulait se pitcher devant un char. Elle s'est pitchée dans les marches parce que je ne voulais pas la laisser partir », raconte-t-elle.

Trois mois plus tard, en novembre, une information anonyme du public révèle la présence de verrous sur une des issues extérieures de la résidence. Les pompiers constatent la chose et contactent la police, qui commence son enquête. En juin 2018, l'homme, l'autre victime présumée de séquestration, quitte la résidence par lui-même, après une dispute avec les deux suspects.

L'arrestation de Marie-Jeanne Côté et de Guy Boileau a eu lieu jeudi dernier, à Trois-Rivières.

Visité vendredi par La Presse, le sous-sol de la résidence ne semblait présenter aucune particularité. L'existence de verrous à l'extérieur de la résidence a été niée par la seule occupante alors sur les lieux, Sarah Chatterley, fille de l'accusée. Cette information n'a pu être vérifiée.

UN HOMME « BIZARRE »

Un homme « travaillant », « gentil », mais « bizarre un peu », c'est ainsi que Guy Boileau est dépeint par un de ses voisins, Patrick Newberry, à qui il vendait parfois de l'engrais. Pour le reste, son voisin a mentionné que M. Boileau avait quelques difficultés financières, mais qu'il travaillait beaucoup, notamment à racler les feuilles sur les terrains des alentours ou encore à entretenir sa propre cour.

Les deux couples résidant dans la demeure étaient de bonnes connaissances de Louise, une voisine qui habite en face. Elle a affirmé connaître les présumées victimes, qui, selon elle, sortaient et se promenaient.

Mme Marie-Jeanne Côté et Guy Boileau ont été libérés sous conditions vendredi après-midi. Un procès dont la date n'a pas été fixée devrait avoir lieu prochainement.

Photo François Gervais, Le Nouvelliste

Guy Boileau, 55 ans.

PHOTO François Gervais, Le Nouvelliste

Marie-Jeanne Côté, à l'extérieur du palais de justice de Trois-Rivières, vendredi