La famille des philanthropes milliardaires Barry et Honey Sherman a décidé d'offrir une récompense de 10 millions de dollars à quiconque pourra fournir des renseignements menant à l'arrestation d'un suspect relativement à la mort du couple.

Un avocat représentant le clan Sherman a annoncé qu'une enquête privée avait révélé d'importantes lacunes dans celle menée par la police de Toronto, poussant les proches des disparus à proposer une récompense.

Les Sherman ont été retrouvés morts dans leur résidence de Toronto en décembre dernier et les autorités traitent l'affaire comme un double homicide.

Selon Me Brian Greenspan, les problèmes sur l'enquête policière sont apparus lorsque les corps ont été découverts en décembre dernier, et ils persistent encore aujourd'hui.

« La loi oblige la police à maintenir un certain niveau de professionnalisme dans sa façon de mener les enquêtes », a déclaré Me Greenspan lors d'une conférence de presse.

« Mais dans ce cas, à ce stade-ci dans l'enquête, la façon dont s'est comporté le Service de police de Toronto va en deçà de ce niveau. »

Le chef de police de Toronto, Mark Saunders, a rapidement défendu le travail de ses policiers, affirmant que l'avocat ne disposait pas de toutes les informations recueillies par les enquêteurs.

« Si vous avez une opinion, vous avez droit à votre opinion, a-t-il argué. Mais nous ne traitons pas les opinions, nous traitons les faits. »

M. Saunders a toutefois appuyé la démarche d'offrir une récompense, même si ce n'est pas toujours efficace.

« M. Greenspan a le même objectif que nous, de résoudre ce double meurtre », a-t-il indiqué lors d'un point de presse organisé peu de temps après la conférence de l'avocat.

Brian Greenspan dit avoir été embauché 24 heures après la découverte des corps de Barry et Honey Sherman, au bord de la piscine de leur sous-sol.

Erreurs de la police

Il prétend que la police a erré en indiquant qu'elle ne cherchait aucun suspect. Selon lui, cela équivalait à dire que l'ancien propriétaire d'Apotex et sa femme étaient morts à la suite de suicides ou d'un meurtre-suicide.

Me Greenspan estime que cette démarche a envoyé le mauvais message et a donné le ton pour une enquête inadéquate.

M. Saunders a rétorqué que ces déclarations de la police avaient pour intention de rassurer les membres de ce quartier nanti, qui avait subi une vague d'introductions par effraction au cours des mois précédant les meurtres.

« Cette communauté était incroyablement alarmée », a expliqué le chef de police. « (Les habitants) s'inquiétaient, se disaient : "Est-ce que nous pourrons dormir ce soir ? S'agissait-il d'une introduction par effraction qui a mal tourné ? " »

Me Greenspan plaide que la police n'avait pas passé la maison des Sherman au peigne fin dans le but de rassembler des preuves, qu'elle n'avait pas vérifié correctement les points d'entrée et qu'elle n'avait pas collecté suffisamment d'empreintes digitales et de preuves ADN. Selon lui, certaines de ces tâches ne sont toujours pas complétées.

« Tout ce processus a causé une souffrance et une douleur additionnelles et inutiles à la famille Sherman », a-t-il déclaré. « Malheureusement, il est devenu clair pour eux [...] que les ressources de la police n'ont pas été gérées correctement ou efficacement. »

La famille n'envisage toutefois pas de poursuivre le service de police, a-t-il ajouté.

L'avocat a ajouté qu'une équipe, composée notamment d'enquêteurs spécialisés en homicides et de l'ex-coroner en chef de l'Ontario, qu'il a mise sur pied à la demande de la famille avait trouvé d'autres preuves, dont 25 empreintes digitales et l'empreinte d'une paume, qui étaient passées sous le nez des policiers.

Accélérer l'enquête

Selon Me Greenspan, les proches de Barry et Honey Sherman ont décidé d'offrir cette généreuse récompense pour mettre un point final à cette histoire.

« Nous tentons de faire avancer les choses. C'est l'une des raisons pour laquelle on se réunit aujourd'hui, pour fournir un nouvel incitatif aux membres du public, pour qu'ils dénoncent », a-t-il soutenu.

« Nous tentons aussi de faire avancer les choses auprès du Service de police de Toronto, pour s'assurer que les étapes de l'enquête qui n'ont pas encore été complétées et qui devraient l'être à ce point-ci le soient. »

Un comité déterminera la valeur de toute information soumise par l'entremise d'une ligne spéciale mise en place par la famille et la récompense sera distribuée selon une « échelle variable », a déclaré l'avocat.

La police n'a fourni aucune mise à jour majeure sur sa propre enquête depuis janvier, et Me Greenspan n'a révélé aucun détail de ce que son équipe a découvert.

Les enquêteurs ont précédemment dévoilé que les septuagénaires avaient été retrouvés dans une position semi-assise près de la piscine, suspendus à une balustrade avec une ceinture autour du cou. Les résultats de l'autopsie ont révélé que le couple était décédé des suites d'une « compression du cou par ligature », ont-ils déclaré. La police a ajouté qu'il n'y avait aucun signe d'introduction par effraction.

Barry Sherman a fondé la société pharmaceutique Apotex, établie à Toronto, en 1974. Au fil des ans, Apotex s'est imposée comme la plus grande entreprise pharmaceutique de propriété canadienne.

Cette réussite lui a permis d'amasser une impressionnante fortune personnelle, estimée par le magazine « Canadian Business » à 4,77 milliards, faisant de lui la 15e personne la plus riche du pays.

M. Sherman avait quitté Apotex il y a cinq ans et il n'était plus impliqué dans les activités quotidiennes de l'entreprise.

Honey Sherman était membre du conseil d'administration de la Fondation Baycrest et de la Fondation de l'Université York.