Un violent proxénète au « style de vie de parasite et de profiteur » a reçu jeudi une peine de cinq ans de détention pour avoir forcé pendant quatre ans une femme à danser nue. Serge Murenzi a contrôlé « tous les instants » de la vie de sa victime dans un « climat de peur, d'isolement, de soumission et de violence », a tranché la juge Mylène Grégoire.

« Pendant plusieurs années, il a exploité [la victime], une jeune femme de 20 ans en l'attirant vers lui avec ses belles paroles et ses beaux artifices pour ensuite profiter de sa vulnérabilité et l'exploiter honteusement à tout égard. Il l'a battue, il l'a volée, il l'a contrôlée, il l'a exploitée. Les séquelles de ses crimes sont importantes, [elle] souffre d'un stress post-traumatique aigu », a affirmé la juge dans sa décision prononcée jeudi matin au palais de justice de Montréal. 

Serge Murenzi a été reconnu coupable en avril dernier de traite des personnes, de proxénétisme et de voies de fait causant des lésions. La procureure de la Couronne, Me Louise Blais, demandait une peine de six ans de pénitencier, alors que l'avocate de la défense, Me Vicky Powell, réclamait deux ans et demi de détention.  

La juge a relevé dans sa décision des circonstances atténuantes « quasi-inexistantes » et a plutôt énuméré une longue liste de facteurs aggravants, dont la durée des crimes, les conséquences sur la victime et le niveau de violence.

Tombée sous le charme de Serge Murenzi, la victime, une femme de Québec, croyait vivre un « véritable conte de fées » avec son nouvel amoureux. Or, c'était en fait le début d'une longue descente aux enfers. Dès qu'ils ont emménagé ensemble à Montréal, Serge Murenzi s'est mis à la battre « pour tout et rien » et l'a rapidement forcé à danser nue dans des bars de Montréal pour subvenir à leurs besoins.

Le proxénète exigeait 3500 $ par semaine à sa victime et la battait si elle ne lui remettait pas cette somme. La victime soutient lui avoir versé 185 000 $ pendant ces années d'horreur. Au cours de cette période, Serge Murenzi contrôlait toute la vie de sa victime. Son passeport, ses pièces d'identité et son téléphone étaient confisqués. Il lui dictait même l'heure pour prendre sa douche. 

« Plus j'argumentais, plus il devenait violent. Plus il devenait violent, plus j'étais maganée. Plus j'étais maganée, moins je travaillais. Moins je faisais de l'argent, plus je mangeais de volées », a-t-elle témoigné au procès.

« Serge Murenzi m'a détruite psychologiquement. J'ai été manipulée et brainwashée tout au long de ma relation. Il me battait, il me dénigrait, m'insultait. [...] C'est comme si j'avais été dans une secte. Cet homme a hypothéqué ma vie, j'ai dû consommer pour passer au travers de l'enfer qu'il m'a fait vivre », a raconté la victime dans une déclaration lue par Me Blais en septembre dernier. 

En raison de la période passée en détention préventive, Serge Murenzi est condamné dans les faits à quatre ans de pénitencier à purger à ce jour. Pendant les observations sur la peine, son avocate a souligné que Serge Murenzi était toujours protégé par son statut de réfugié au Canada, alors que toute sa famille a perdu la vie pendant le génocide rwandais.