Dans une lettre écrite peu après son arrestation, un ancien entraîneur de gymnastique accusé d'avoir agressé sexuellement une jeune gymnaste il y a quelques années s'est excusé pour avoir « dépassé les bornes », tout en affirmant que ses actions n'avaient pas de motif sexuel.

Dave Brubaker a fait état de la lettre à la plaignante, aujourd'hui dans la trentaine, lors d'un entretien filmé avec la police et diffusé mercredi à son procès pour agression sexuelle à Sarnia, en Ontario.

« J'ai réfléchi à tout ce qui est sorti [...] dans les médias sociaux et dans la campagne #moiaussi », a déclaré M. Brubaker dans une lettre adressée aussi à sa femme et à une autre gymnaste. « Je suis coupable d'avoir dépassé les bornes, mais je veux que vous sachiez que mes intentions n'étaient ni sexuelles ni préméditées. »

L'ancien directeur de l'équipe nationale féminine de gymnastique a plaidé non coupable d'agression sexuelle et d'incitation à des contacts sexuels lors de son procès devant juge seul. Les crimes auraient été commis entre 2000 et 2007.

Lors de l'entretien avec la police, M. Brubaker a fait valoir que les attentes des personnes et les normes de comportement avaient changé depuis que la plaignante a cessé la pratique de son sport à l'âge de 19 ans.

« Nous avons en quelque sorte réfléchi à beaucoup de choses et nous savions que nous ne pouvions pas continuer et que nous devions apporter des changements », a-t-il affirmé à la police. « Pas seulement nous, mais tout le sport. »

Le juge au procès déterminera si l'entrevue de M. Brubaker avec la police doit être acceptée comme élément de preuve, après avoir entendu au tribunal que le policier enquêteur est lié à la plaignante.

Le policier, qui ne peut être nommé afin de protéger l'identité de la plaignante, a déclaré dans son témoignage qu'il avait informé la poursuite de ses liens avec celle-ci et qu'il avait reçu l'approbation de ses supérieurs avant de se lancer dans l'enquête.

L'avocat de la défense, Patrick Ducharme, a toutefois laissé entendre que l'officier avait tenté de dissimuler ses liens avec la victime alléguée. L'avocat a soutenu que le policier n'avait jamais mentionné la relation dans ses notes et que la défense n'en avait eu connaissance que trois jours avant le début du procès.

La femme a raconté au tribunal, mardi, que M. Brubaker l'embrassait régulièrement sur les lèvres pour lui dire bonjour ou au revoir, alors qu'elle n'avait que 12 ans.

Elle a ajouté que l'entraîneur venait la chercher à l'école pour la ramener chez lui, où il se couchait parfois « en cuillère » au lit avec elle et lui chatouillait le ventre, avant de la conduire à l'entraînement.

Elle a également affirmé que Dave Brubaker lui prodiguait régulièrement des massages pour soulager ses douleurs, mais parfois au haut de la cuisse, dans ses sous-vêtements, jusqu'autour du pubis.

M. Brubaker était l'entraîneur-chef de l'équipe canadienne de gymnastique aux Jeux olympiques de Rio il y a deux ans.

L'affaire a été ajournée au 13 décembre.