Jean-François Émard, représentant canadien du club de motards des Rock Machine internationaux, a été condamné à 45 mois de pénitencier, la semaine dernière, après avoir plaidé coupable à des accusations reliées à la possession d'un pistolet et au trafic de stupéfiants.

Émard, 41 ans, qui faisait face à une dizaine de chefs d'accusation, avait choisi de subir un procès devant jury pour ses accusations de possession d'une arme et de procéder devant la Cour du Québec pour les autres accusations.

Mais vendredi de la semaine dernière, trois requêtes présentées par Émard en Cour supérieure ont été débattues et rejetées par le juge. Après discussion avec son avocat, le motard a décidé en fin de journée de plaider coupable à toutes les accusations portées contre lui, et le juge Daniel Royer, de la Cour supérieure, l'a condamné à 45 mois. En soustrayant la période de 8 mois passée en détention préventive - qui est calculée à temps et demi -, il lui reste 33 mois à purger.

À la fin de 2016, les enquêteurs de la Sûreté du Québec (SQ), qui soupçonnaient Émard d'être impliqué dans le trafic de stupéfiants dans la région de Salaberry-de-Valleyfield, ont amorcé une enquête au cours de laquelle ils ont notamment installé une caméra sur la rue, devant sa résidence.

Le 29 juin dernier, après six mois d'enquête, les membres du Groupe tactique d'intervention (GTI) de la SQ ont défoncé la porte de son appartement sur la rue Ellice alors que le motard dormait sur le divan du salon. Sous les coussins du meuble, les enquêteurs ont découvert un pistolet Walther P99 chargé de huit balles et dont le numéro de série avait été maquillé. Ils ont aussi mis la main sur 868 comprimés de médicaments d'ordonnance, 278 comprimés de méthamphétamine, de petites quantités de cocaïne et de cannabis, 1600 $ en argent, deux téléphones cellulaires, une balance et des listes de dettes.

Ciblé 11 fois

Fait à noter, dans ses requêtes qui ont été rejetées, Émard affirme que sa vie a été menacée par d'autres individus à 11 reprises, dont plusieurs fois avec une arme à feu. L'une de ces fois est survenue le 6 juin 2014 au bar Le Cabaret, à Grenville. Émard a été avisé à plusieurs reprises que sa vie était menacée par les policiers, dont ceux de la région de Grenville. Les requêtes font mention d'un contrat de 50 000 $ qui aurait été mis sur sa tête. En 2010, sa maison a été incendiée et ses comparutions dans la région de L'Orignal, en Ontario, en 2016 se sont faites sous haute surveillance en raison des menaces sur sa vie.

Durant ses différentes périodes d'incarcération, il a été battu à plusieurs reprises ; à une occasion, il s'est même retrouvé dans le coma.

En 2014, Jean-François Émard avait rencontré La Presse pour annoncer son intention de créer d'autres sections des Rock Machine au Québec et que ceux-ci n'étaient pas en guerre avec les Hells Angels. Rappelons que les deux organisations ont été impliquées dans une guerre sanglante qui a fait 160 morts et autant de blessés entre 1994 et 2002.

En 2016, lors d'une autre arrestation, Jean-François Émard avait été roué de coups par un patrouilleur de la SQ dans sa cellule. Il poursuit le gouvernement pour 650 000 $ à la suite de cette agression.