C'est un deuil difficile qui s'amorce entre les murs de l'école Père-Marquette du quartier La Petite-Patrie au lendemain de la mort tragique de Blessing Moukoko, un adolescent de 14 ans retrouvé gisant au fond de la piscine du centre sportif voisin, il y a une semaine.

« Blessing, tu nous manques, nous t'aimons et tu resteras à jamais gravé dans nos coeurs », pouvait-on lire dans le texte d'une campagne de sociofinancement lancée hier par un proche du jeune pour soutenir la famille Moukoko à travers le drame terrible de la perte de son enfant. « Blessing était un jeune ado plein de vie et de bonté, aimé de tous. »

La famille du garçon a choisi de vivre ces heures difficiles en toute intimité. « C'est un choc énorme », a affirmé l'avocat Jean-Pierre Ménard, mandaté par les parents pour s'adresser aux médias. « Il n'y a pas de commentaire à faire pour l'instant, nous avons demandé le dossier médical et nous attendons de prendre connaissance des faits », dit-il.

Il est d'ailleurs « prématuré », selon l'avocat, de songer à une éventuelle poursuite. Le mystère demeure entier sur les circonstances entourant les tristes évènements. Le jeune était à la piscine avec sa classe pour le cours d'éducation physique, le 15 février. L'élève de deuxième secondaire a été retrouvé au fond de l'eau par ses camarades du cours suivant, vers 9 h 45.

L'adolescent, qui aurait passé de longues minutes au fond de l'eau, a été traité aux soins intensifs de l'hôpital Sainte-Justine. Selon la page « Blessing on t'aime » sur le site Gofundme.com, il est écrit que le jeune a « passé sept jours dans le coma ».

Blessing Moukoko s'est éteint hier matin. « C'est dur, car on avait espoir. Il était fort et solide », a confié un oncle en se rendant à l'hôpital. Le Bureau du coroner investiguera sur la mort de l'adolescent pour en éclaircir les causes et les circonstances.

CHOC ET TRISTESSE

À la Commission scolaire de Montréal (CSDM) et à l'école Père-Marquette, c'est la consternation. « Toute la communauté éducative compatit avec le chagrin de la famille et des amis de l'adolescent », a indiqué hier la CSDM. L'équipe de soutien de la CSDM est toujours en place pour accompagner les jeunes et le personnel « le temps qu'il faudra ».

L'école Père-Marquette tiendra en fin de journée jeudi un rassemblement à la mémoire du jeune élève. Ses camarades sont invités à se vêtir de blanc et à contribuer à une oeuvre collective entreprise par la classe de Blessing Moukoko. Les jeunes peuvent tracer leur main sur une feuille de papier et y écrire un mot à l'intention de la famille Moukoko.

Ces mains de papier illustreront le soutien qu'offre l'école aux proches endeuillés.

« Toutes nos pensées sont tournées vers la famille pour leur apporter du réconfort dans l'épreuve qu'ils vivent et que nous partageons. »

- Roxane Gagnon, directrice adjointe de l'école Père-Marquette, dans une correspondance adressée aux parents de l'école

L'équipe de professionnels sera également sur place lors du rassemblement pour « outiller » les parents qui auraient des questions sur l'accompagnement de leur enfant à travers ce deuil. Ce sont d'ailleurs les équipes d'intervention de la CSDM et du CLSC qui ont annoncé la triste nouvelle hier aux quelque 1300 élèves de l'école Père-Marquette.

CONCLUSIONS ATTENDUES

L'arrondissement de Rosemont-La Petite-Patrie, propriétaire de la piscine du centre Père-Marquette, a dit attendre avec impatience d'obtenir des éclaircissements sur les circonstances de cette tragédie, tout comme la CSDM qui a indiqué que « cette compréhension sera déterminante pour traverser ces moments difficiles ».

« Je comprends que la famille et les citoyens aient de nombreuses questions et souhaitent que la lumière soit faite sur les circonstances de cet évènement tragique », a affirmé le maire d'arrondissement François Croteau dans un communiqué. La mairesse de Montréal, Valérie Plante, s'est aussi dite particulièrement « touchée » par le drame.

« C'est l'école secondaire de mon plus jeune. C'est la piscine où je nage moi-même. C'est troublant. On va voir ce que le rapport d'enquête va démontrer. S'il y a des améliorations à faire à la piscine ou pour la surveillance, on va agir. Cette mort n'aurait pas dû être », a affirmé la mairesse Plante, interrogée sur le sujet hier.

Le groupe d'élèves de la classe de Blessing Moukoko était sous la surveillance de son professeur d'éducation physique le matin du drame et par une sauveteuse, employée de l'arrondissement de Rosemont-La-Petite-Patrie. La visibilité est médiocre dans le coin de la piscine où l'adolescent a été retrouvé parce qu'un mur de vitre cause un reflet prononcé sur l'eau, a pu apprendre La Presse.

Un inspecteur de la Régie du bâtiment doit se rendre sur place aujourd'hui pour vérifier la conformité des lieux. 

- Avec Philippe Teisceira-Lessard, Audrey Ruel-Manseau et Pierre-André Normandin, La Presse