Le mystère persiste quant à l'implication du député Guy Ouellette dans les fuites d'informations provenant d'enquêtes de l'Unité permanente anticorruption (UPAC).

Son avocat et celui de l'Assemblée nationale se sont opposés, jeudi, à ce qu'il réponde à certaines questions pointues, au nom du privilège parlementaire.

Le député de Chomedey a témoigné au palais de justice de Québec dans le cadre de la requête en arrêt des procédures contre les anciens ministres libéraux Nathalie Normandeau et Marc-Yvan Côté, accusés notamment de corruption et de fraude après avoir été arrêtés par l'UPAC.

L'avocat de la défense de Marc-Yvan Côté, Jacques Larochelle, tente de savoir qui est à l'origine des fuites dans les médias sur l'enquête de l'UPAC. Il réclame l'annulation du procès, parce que ces fuites auraient compromis le droit de son client à un procès juste et équitable.

Quand Me Larochelle a demandé au député s'il avait été en possession d'informations confidentielles provenant de dossiers d'enquête de l'UPAC, d'éléments de preuve, l'avocat de M. Ouellette, François Marchand, s'est opposé, puisqu'il pouvait avoir eu ces informations dans le cadre de son rôle de député, donc le privilège parlementaire s'appliquerait.

Me Larochelle est revenu à la charge, pour savoir s'il avait pu prendre connaissance, autrement que dans son rôle de président de commission parlementaire ou son rôle d'élu, de l'identité de l'informateur, s'il avait une responsabilité directe ou indirecte dans la diffusion des informations, le député de Chomedey a répondu non.

L'avocat de la défense lui a alors demandé s'il savait qui était responsable et alors Me Marchand s'est objecté, arguant que cela pourrait concerner son rôle de président de commission parlementaire.

Le procureur de la Couronne, Justin Tremblay, a à son tour demandé à M. Ouellette s'il avait pu obtenir des documents confidentiels par des voies non officielles et Me François Lebel, qui représente l'Assemblée nationale, s'est opposé en affirmant qu'on était « les deux mains dans le processus parlementaire ».

M. Ouellette a par ailleurs réfuté plusieurs des affirmations de l'ex-entrepreneur Lino Zambito, qui a témoigné avant lui dans cette procédure.

Au dire de M. Zambito, M. Ouellette affirmait que le commissaire de l'UPAC, Robert Lafrenière, avait forcé les libéraux à le reconduire dans son poste en procédant à l'arrestation de Nathalie Normandeau. Or le principal intéressé l'a contredit: « Je ne pense pas qu'on a eu cette discussion. »

Toujours selon M. Zambito, Guy Ouellette lui aurait rapporté que le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, était mécontent du renouvellement du mandat de M. Lafrenière. Encore une fois le député a nié.

Rappelons que M. Ouellette a été arrêté en octobre dernier par l'UPAC, mais qu'aucune accusation n'a encore été déposée à ce jour contre lui. L'UPAC avait fait savoir que son enquête visait « de possibles infractions d'abus de confiance et d'entrave à la justice ».

On ne sait toujours pas pourquoi le député a mordu à l'appât de l'UPAC, le 25 octobre dernier, en allant récupérer un sac contenant des papiers dans un commerce de restauration rapide de Laurier-Station.

L'UPAC le soupçonne d'avoir trempé dans un complot concernant le vol de documents et leur divulgation dans les médias relativement à l'enquête Mâchurer, sur le financement du Parti libéral du Québec (PLQ), à l'époque où Jean Charest en était le chef.

Le député libéral avait déjà affirmé qu'il n'était pas la source de ces fuites. À sa sortie de la salle d'audience, M. Ouellette a refusé de s'adresser aux journalistes.

La question du privilège parlementaire est au centre de l'affaire Guy Ouellette. Cette forme d'immunité, ces droits et avantages restreints dont jouissent les élus dans le cadre de leurs fonctions, empêchent actuellement la police d'examiner le contenu de l'ordinateur et du téléphone cellulaire du député, saisis en octobre.