Alors que le nombre de personnes mortes dans des incendies avait commencé à diminuer il y a trois ans, il est de nouveau à la hausse depuis l'année dernière. Au 25 décembre, 14 personnes avaient péri dans les flammes ou avaient été asphyxiées par la fumée depuis le début de cette année, alors que 11 décès avaient été enregistrés pour toute l'année 2016, révèlent des statistiques fournies par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) à La Presse.

En 2014 et 2015, alors que les années précédentes avaient été particulièrement mortelles, le nombre de victimes s'était retrouvé sous la barre psychologique des 10 morts.

« Quatre des décès de 2017 sont attribuables à des articles de fumeur. Dans deux cas, les victimes n'avaient pas changé les batteries dans leurs détecteurs de fumée », explique le commandant Juan Francisco Vargas, de la Division des crimes contre la propriété, incendies criminels, du SPVM. Il semble également, selon les pompiers, qu'aucun détecteur de fumée n'était fonctionnel lorsqu'une femme dans la trentaine a péri dans un incendie dans le secteur LaSalle, la veille de Noël.

Aussitôt qu'une personne meurt dans un incendie à Montréal, l'enquête est confiée au SPVM, même dans les cas où tout indique que le feu est d'origine accidentelle. Ainsi, en 2017, 11 personnes ont péri dans des incendies d'origine accidentelle à Montréal en 2017, deux par suicide et une par homicide.

Au 25 décembre, les enquêteurs des incendies criminels avaient ouvert environ 820 dossiers cette année, comparativement à 572 pour la même période en 2016. Sur les quelque 820 incendies de cette année, environ 500 sont considérés comme criminels ou suspects.

LA MAFIA EN BAISSE

De ce nombre, environ huit incendies criminels seraient liés au crime organisé, ce qui est peu dans les circonstances : la voiture et un commerce appartenant à un individu lié à la mafia montréalaise, Marco Pizzi, avaient été ciblés, de même que la boulangerie Motta appartenant à la famille Gallo, durant les mois de janvier et février seulement.

Durant les 11 premiers mois de l'année, c'est un total de 27 cocktails Molotov qui ont été lancés sur différents bâtiments et commerces à Montréal, dont une demi-douzaine sont liés aux tensions ou à des affaires d'extorsion au sein du crime organisé.

En 2017, les enquêteurs des Incendies criminels ont résolu certains sinistres liés à la mafia et contribué à élucider un meurtre commis en 2016 en prenant part à une importante enquête des Crimes majeurs baptisée Mazout, à l'issue de laquelle sept individus liés aux gangs de rue ont été arrêtés, en juin dernier.

PROBLÈMES PSYCHIATRIQUES

Au 30 novembre dernier, les enquêteurs des Incendies criminels avaient appréhendé 108 personnes, comparativement à 99 pour la même période en 2016.

Cette hausse s'explique notamment par le fait que 28 individus ayant des problèmes psychiatriques figurent sur la liste des personnes arrêtées.

« Auparavant, les pompiers les envoyaient directement à l'hôpital lorsqu'ils arrivaient sur les lieux d'un incendie, mais maintenant, ils nous avisent. Nous avons demandé des examens psychiatriques pour plusieurs d'entre eux. Nous avons également rouvert plusieurs dossiers à la suite de ces arrestations », dit le commandant Juan Francisco Vargas.

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, les incendies criminels allumés pour une histoire d'assurances sont peu nombreux ; il n'y en aurait eu qu'un cette année. La police croit que pour le moment, il n'y aurait eu également qu'un seul incendie criminel lié à l'anti-embourgeoisement, soit celui de voitures de luxe dans le quartier Saint-Henri en juillet. 

Certains des autres mobiles derrière les incendies criminels de 2017 sont le vandalisme, la présence d'une plantation de marijuana, la concurrence entre individus, un conflit entre personnes ou des feux allumés par des sans-abri pour se réchauffer.

***

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l'adresse postale de La Presse.

Nombre de victimes dans des incendies depuis 10 ans à Montréal (Accidentels, criminels et suicides confondus)

• 2017 : 14 (au 25 décembre)

• 2016 : 11

• 2015 : 9

• 2014 : 9

• 2013 : 14

• 2012 : 12

• 2011 : 15

• 2010 : 16

• 2009 : 12

• 2008 : 17

• 2007 : 9