Décidément, rien ne se passe simplement dans le cas de Jonathan Klor.

L'ancien chef des Diplomats, un gang de rue impliqué dans une violente guerre avec un groupe ennemi dans l'ouest de Montréal au début des années 2000, avait obtenu une semi-liberté en projet communautaire en juin dernier. Mais alors qu'il s'apprêtait à en bénéficier, les autorités carcérales se sont rendues compte qu'il avait consommé des stupéfiants au pénitencier, et sa semi-liberté a été suspendue, en attendant que les commissaires se penchent sur le dossier.

Ces derniers l'ont fait en début de semaine mais, fait rare, les deux commissaires ne se sont pas entendus sur la décision à rendre.

Klor, 30 ans, a donc comparu devant deux autres commissaires jeudi. Ces derniers ont confirmé la suspension de sa semi-liberté. Mais dans les faits, cela n'a pas beaucoup d'impact pour Klor. Le chef de gang a été condamné à près de huit ans de pénitencier en 2012 pour tentatives de meurtres, utilisation et possession d'une arme ; il a donc purgé les deux tiers de sa peine et sera libéré d'office la semaine prochaine. 

Pour réduire les risques pour la société, les commissaires lui imposent de sévères conditions, dont l'assignation à résidence ou maison de transition. 

«Votre délinquance a débuté très tôt à l'adolescence alors que vous avez adhérez au mode des stupéfiants et des armes, et elle a persisté pendant plusieurs années. Aucun mesure du système de justice n'a eu d'effet dissuasif», écrivent les commissaires dans une décision quand même étoffée de dix pages.

Le contrôle de la cantine

Selon les services de renseignements, Klor a été, à l'intérieur des murs, le chef d'un groupe de détenus qui auraient voulu prendre le contrôle des activités illicites de l'établissement, dont le trafic institutionnel, le taxage et l'intimidation. Des détenus auraient parlé en son nom dans l'établissement et il y aurait eu des attroupements devant sa cellule, où des transactions se seraient réalisées. Son groupe aurait même utilisé le bureau du comité des détenus «pour magouiller et possiblement cacher de la contrebande», peut-on lire dans la décision. 

Toutefois, devant les commissaires, Klor a nié ces informations qu'il a qualifiées de ramassis de soupçons, et dit qu'il avait trop à perdre pour vouloir s'impliquer dans des activités d'échange de sacs de chips et de tablettes de chocolats. Il a admis avoir agi de façon à maintenir une image de caïd durant une certaine époque mais ajouté qu'il n'avait plus cette mentalité de violence.

Une fois libéré, Klor veut compléter ses études secondaires et s'inscrire au cégep en gestion du commerce.

Lors de la guerre entre les Diplomats et les Streetgangsters au début des années 2000, des mitraillettes ont été utilisées, des façades de maisons ont été criblées de balles et des ennemis ont été attirés dans des traquenards au cours desquels ils ont été blessés. 

Après son arrestation, Klor avait fait les manchettes après avoir publié sur sa page Facebook des photos de lui en prison qu'il avait prises et téléchargées avec un téléphone cellulaire entré illégalement à l'intérieur des murs. 

Les autres conditions que Klor devra respecter : 

-Éviter toute personne ayant des antécédents criminels ou dont il sait qu'elle est liée aux stupéfiants ou à un gang criminel. 

-Ne pas communiquer avec ses victimes

-Ne pas fréquenter les débits de boisson

-Ne pas consommer de drogues

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