Un entrepreneur montérégien vient d'être reconnu coupable de corruption dans les affaires municipales pour avoir remis 31 000 $ à un « magouilleur professionnel » qui tentait d'acheter les faveurs de la mairesse de Châteauguay.

Michel Bergevin avait été arrêté par l'Unité permanente anticorruption (UPAC) en 2013 dans le cadre d'une enquête où la mairesse de l'époque, Nathalie Simon, avait joué un véritable rôle d'agente secrète pour piéger les suspects.

Toute l'affaire découlait du désir de René Lafrance, un ancien conseiller municipal de Châteauguay, qui aspirait à devenir directeur du développement économique de la municipalité, un poste où il aurait pu favoriser divers projets d'affaires.

«Foncièrement malhonnête»

Dans son jugement, le juge Bertrand St-Arnaud (l'ancien ministre de la Justice du Québec) décrit M. Lafrance comme une « grande gueule » dotée d'un « esprit tordu », « foncièrement malhonnête ».

« René Lafrance est en effet assurément un magouilleur professionnel, directement sorti d'une autre époque », dit-il.

« Il magouille sans cesse, faisant constamment miroiter différentes choses aux uns et aux autres : des sommes d'argent substantielles à la mairesse Simon; un poste au sein de l'équipe Simon lors de la prochaine élection à sa fille et un emploi de pompier au mari de cette dernière; des terrains à son fils », observe le magistrat.

Selon la preuve amassée dans l'enquête, René Lafrance aurait promis 200 000 $ à la mairesse Simon, tout en insistant pour être nommé directeur du développement économique.

Mal lui en pris : la mairesse est allée voir l'UPAC, qui lui a fait porter un micro caché pour enregistrer les suites de l'affaire. Les policiers ont aussi utilisé de l'écoute électronique, qui a permis d'entendre Lafrance parler avec l'entrepreneur Michel Bergevin. 

«De gré à gré, bingo!»

Bergevin a été entendu dire à Lafrance qu'il souhaitait que la mairesse « passe la résolution pour la vente de terrain », le tout « de gré à gré, bingo ! ».

Les policiers ont ensuite suivi les deux hommes. Bergevin a remis 31 000 $ en argent comptant à Lafrance. Ce dernier a remis l'argent à la mairesse. Les policiers ont ensuite arrêté les deux hommes.

Lafrance a déjà plaidé coupable dans cette affaire et écopé de 30 mois de pénitencier. Un co-accusé, Jacques Roy, a aussi plaidé coupable et écopé de 14 mois de détention.

Au terme de son procès, c'était au tour de Michel Bergevin d'être trouvé coupable au palais de justice de Valleyfield cette semaine. Sa sentence n'a pas encore été déterminée.