Le militant transgenre Esteban Torres Wicttorff a attaqué Philippe Couillard dans un «contexte politique» en lui lançant une boule de papier dans un rassemblement public en juin 2016 à Montréal. Mais même si ce geste était «humiliant et dégradant» pour le premier ministre, le jeune trans de 21 ans s'en tire avec une absolution conditionnelle, assortie d'une probation de 18 mois.

Rassemblés dans le quartier gai pour une veillée pacifique en mémoire des victimes de la tuerie du bar d'Orlando, Esteban Torres Wicttorff et Philippe Couillard étaient assis côte à côte, ce jour-là. Dans son discours, le premier ministre avait décrit Montréal comme une ville «inclusive». Furieux par ces propos, le jeune homme a écrasé la feuille de son discours et l'a lancée sur Philippe Couillard, un geste «symbolique et politique» qui a suscité un véritable tumulte.

«Se livrer à des voies de fait pour exprimer son désaccord suite aux paroles prononcées par une personne est en tout temps un geste criminel et d'autre part si cette personne est une personne politique alors ces voies de fait deviennent en plus un geste politique qui n'est pas justifié et justifiable, accepté ou acceptable», a déclaré vendredi le juge Daniel Bédard. Le premier ministre, d'autant plus, «doit pouvoir s'exprimer sur la place publique sans aucune entrave de nature criminelle», a-t-il ajouté.

Esteban Torres Wicttorff avait plaidé coupable à un chef d'accusation d'agression armée il y a deux semaines. La Couronne réclamait l'imposition de 150 heures de travaux communautaires et d'une probation de trois ans, alors que la défense demandait une absolution conditionnelle. Le juge Bédard a penché en faveur des arguments de la défense, considérant son âge, son absence d'antécédents, ses regrets, ses difficultés d'intégration, son implication à différents organismes LGBT. «Un casier judiciaire ne ferait qu'amplifier ses difficultés sans rien apporter de plus à la collectivité», a dit le juge.

Esteban Torres Wicttorff devra effectuer 100 heures de travaux communautaires et respecter une série de conditions, notamment de ne participer à aucun rassemblement public. Au terme de sa probation de 18 mois, son casier judiciaire sera effacé trois ans plus tard. Il n'a pas voulu s'adresser aux médias à la sortie de la salle de cour.