La voiture de police de Simon Beaulieu roulait à reculons à une vitesse de 44 km/h lorsqu'elle a heurté mortellement le cycliste Guy Blouin dans une rue résidentielle de Saint-Roch, le 3 septembre 2014.

C'est du moins ce qu'a soutenu hier un expert de la Sûreté du Québec qui a témoigné pour la Couronne à l'ouverture du procès de Simon Beaulieu. Le policier du Service de police de la Ville de Québec (SPVQ) est accusé de négligence criminelle et de conduite criminelle causant la mort.

L'affaire avait fait grand bruit à Saint-Roch, un quartier populaire au centre-ville de Québec. Une manifestation pour souligner le premier anniversaire de la mort de M. Blouin avait même mené à neuf arrestations.

Le cycliste roulait en sens inverse dans la petite rue quand il a croisé la voiture de police. Celle-ci se serait alors immobilisée, avant de faire marche arrière. En reculant, le véhicule a percuté M. Blouin. Une roue est passée sur le torse de l'homme de 48 ans, mort quelques heures plus tard à l'hôpital.

Le premier jour de ce procès qui doit durer au moins une semaine s'est concentré sur la reconstitution de l'incident. Le reconstitutionniste de la Sûreté du Québec (SQ) Yves Brière a expliqué hier, au palais de justice de Québec, être arrivé sur les lieux deux heures après l'incident.

L'enquête avait été confiée à la police provinciale, puisqu'un agent du SPVQ était impliqué. À l'arrivée de l'expert de la SQ, le vélo de la victime et la voiture de police avaient été déplacés.

M. Brière a notamment analysé les traces de freinage au sol, les marques laissées par la bicyclette et celles laissées par le corps - projeté à 7 mètres. Il a aussi découvert que le système de freinage ABS de l'auto était défectueux.

À l'aide d'un freinomètre, il a conclu que la voiture roulait à 44 km/h au moment de l'impact. Selon son expertise, l'agent Beaulieu a freiné juste avant de percuter le cycliste avec l'arrière de son véhicule.

VERSION CONTREDITE

En contre-interrogatoire, la défense a plutôt laissé entendre que le policier roulait à 22 km/h au moment de l'impact. Elle se base sur les données du système GPS installé dans la voiture de police. Mais l'expert de la SQ a remis en cause cette hypothèse.

« Les données GPS de la voiture, je les ai entrées dans Google Maps. On voyait que le véhicule aurait circulé dans un bâtiment, sur le parvis de l'église... Moi, ces données-là, je ne les ai pas utilisées parce que pour moi, ce n'est pas fiable. Je me suis fié aux traces au sol, à des preuves physiques, au lieu de me fier à ces données-là », a dit Yves Brière, qui agit à titre de reconstitutionniste depuis 2011.

Plusieurs membres du Comité du 3 septembre, un groupe citoyen mis en place à la suite de la mort de M. Blouin, ont assisté au procès hier. Maxime Couillard, membre du Comité, s'est dit soulagé qu'un procès commence enfin, après trois ans d'attente.

Simon Beaulieu effectuait le 3 septembre 2014 sa dernière journée en tant que patrouilleur. Il avait été promu enquêteur. Sa promotion a été maintenue, mais il est affecté à des tâches administratives jusqu'au dénouement du procès.

Photo Pascal Ratthé, Archives Le Soleil

Manifestation au lendemain de la mort du cycliste Guy Blouin, en septembre 2014