Le directeur du Service de police de Québec (SPVQ), Robert Pigeon, affirme qu'Yves Francoeur, le président de la Fraternité des policiers de Montréal, «est une honte pour (la) profession» de policier.

M. Pigeon a lancé une charge vitriolique contre le syndicaliste en rejetant catégoriquement les allégations de ce dernier à son endroit, lors d'une conférence de presse, mercredi, à Québec.

«M. Francoeur, qui est lui-même policier (...) a démontré si peu de rigueur que ça me lève le coeur. Il n'est pas digne de la profession de policier», a lancé Robert Pigeon.

Yves Francoeur a soutenu dans une déclaration écrite à la Sûreté du Québec (SQ) que M. Pigeon aurait bloqué une enquête policière visant le ministre Jean-Marc Fournier et l'ex-ministre Raymond Bachand à l'époque où il était enquêteur à la SQ.

Dans la déclaration dont le Journal de Montréal a obtenu copie, il reproche aussi à M. Pigeon d'avoir soulevé l'ire des procureurs de la commission Charbonneau en agissant de la même manière lorsqu'il était directeur des enquêtes à la commission d'enquête sur l'octroi et la gestion des contrats publics dans l'industrie de la construction.

En conférence de presse, mercredi à Québec, Robert Pigeon a rappelé qu'il dirigeait, à l'époque des faits allégués, un bureau régional d'enquête à la Sûreté qui n'avait aucun lien avec l'enquête à laquelle fait référence M. Francoeur.

«Une telle enquête, aussi sensible, était visiblement gardée secrète», a-t-il fait valoir, précisant qu'il n'avait aucun lien hiérarchique avec qui que ce soit d'impliqué dans cette enquête.

«C'est complètement impossible que j'aie pu influencer quiconque pour que cessent les opérations d'enquête», a-t-il martelé.

Du côté de la commission Charbonneau, il a fait valoir que ce n'était pas lui qui avait décortiqué la preuve touchant l'enquête en question, mais bien une employée civile. Il a aussi mis en exergue les déclarations du procureur en chef de la commission, Denis Gallant, et de la procureure en chef adjointe, Sonia LeBel, qui ont tous deux démenti les allégations de M. Francoeur.

«Les deux sont unanimes qu'en aucun moment je n'ai mis en place quelque stratagème que ce soit pour nuire aux travaux de la commission», a dit M. Pigeon.

Quant au fait que M. Francoeur invoque son amitié avec l'ex-ministre de la Justice, Jacques Dupuis, comme possible motif pour bloquer des enquêtes visant des politiciens libéraux, Robert Pigeon a reconnu qu'il avait déjà coopéré avec celui-ci lorsqu'il était procureur de la Couronne, une relation professionnelle qui «remonte à plusieurs années».

«Je n'ai pas parlé à M. Dupuis depuis plusieurs, plusieurs années», a-t-il précisé.

Robert Pigeon s'est dit extrêmement préoccupé par le fait que les allégations du syndicaliste portent atteinte au lien de confiance entre les citoyens de Québec et leur corps policier et au lien de confiance entre lui et ses employés.

Il croit également que cette affaire mine la confiance de la population envers plusieurs autres institutions.

«Je suis extrêmement préoccupé par le dommage que ça cause en attaquant le DPCP (Directeur des poursuites criminelles et pénales), l'UPAC (Unité permanente anticorruption), la Sûreté du Québec, le SPVQ; tout le monde est dans une espèce de grand complot général présentement», a-t-il déploré.

Il s'explique mal ce qui pousse le président de la Fraternité à avancer de telles allégations: «Je ne sais pas ce qui le motive. Je ne sais pas s'il a un agenda oblique».