La mère d'une adolescente qui s'estime victime d'une agression sexuelle après un passage chez l'ostéopathe voudrait voir le Collège des médecins être plus sévère envers ces thérapeutes dont la profession n'est pas encadrée.

L'ordre professionnel s'est défendu en soulignant qu'il poursuivait déjà la principale école de la province et qu'il avait lancé des vérifications sur l'ostéopathe en question.

La Presse a rapporté dimanche le récent acquittement de Sylvain Doyon, qui a convaincu la justice que l'introduction de ses doigts dans l'anus et le vagin d'une jeune femme de 17 ans placée à quatre pattes, en 2015, faisait partie d'un traitement reconnu dans son domaine. Il était accusé d'agression sexuelle au criminel.

En entrevue avec La Presse, la mère de la patiente a exprimé sa déception par rapport au verdict et à ce qu'elle considère comme un manque d'action de la part des autorités.

« Il y a une loi en ce moment, et ils ne l'appliquent pas. Le Collège des médecins les laisse faire. Pourquoi notre société décide de laisser faire ça, que ce soit enseigné dans les écoles [d'ostéopathie] ? », a-t-elle déploré en entrevue téléphonique en faisant référence à la technique en question. « Je ne comprends pas pourquoi on laisse ça aller. »

La Presse ne publie pas son nom afin de protéger l'identité de sa fille, mineure au moment des faits. La dame se dit par ailleurs en faveur de l'ostéopathie de façon générale.

« On ne peut pas tout faire »

L'ordre professionnel des médecins, pour sa part, affirme faire de son mieux pour lutter contre l'exercice illégal de la médecine. Son président admet sans problème qu'il serait impossible de faire enquête sur les centaines d'ostéopathes que compte la province.

« Je la comprends, a affirmé le Dr Charles Bernard. Mais on ne peut pas tous les faire. Avez-vous imaginé la masse d'engorgement au niveau judiciaire et le prix que ça coûterait pour faire ça ? Il faut faire de l'enseignement, [conseiller] par l'exemplarité de certains cas d'arrêter d'aller voir des professionnels non reconnus. »

Le Dr Bernard a assuré que « quand on a un signalement ou une plainte, on agit ». « On ne peut pas tolérer l'illégalité », a-t-il ajouté, précisant que le cas de Sylvain Doyon ferait l'objet de vérifications afin de savoir si une poursuite est appropriée.

372 500 $ en constats d'infraction

Le Collège des médecins traîne actuellement devant la justice le Collège d'études en ostéopathie (CEO), à Montréal, où M. Doyon affirme avoir appris la technique de traitement par voie anale et vaginale. Deux professeurs et trois stagiaires de l'école ont aussi reçu des constats d'infraction de l'ordre professionnel pour exercice illégal de la médecine totalisant 372 500 $.

L'Office des professions a créé en 2015 un groupe de travail pour réfléchir à la mise en place d'un ordre professionnel des ostéopathes. Ses travaux ne sont pas terminés.

Photo archives La Presse

Sylvain Doyon