La police n'écarte pas l'hypothèse que deux consommateurs victimes d'une surdose de fentanyl ces derniers mois à Montréal puissent avoir consommé des stupéfiants vendus par un réseau de présumés trafiquants démantelé jeudi. L'un de ces consommateurs est mort alors que l'autre a survécu, a indiqué la police à La Presse.

Le fentanyl fait des ravages dans d'autres provinces et les autorités s'attendent à ce que le fléau atteigne aussi Montréal et le reste du Québec.

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) enquête depuis peu sur au moins un autre cas possible, la mort d'une femme de 46 ans, probablement à la suite d'une surdose de fentanyl, le 23 avril dernier dans son logement de la rue Hogan, dans l'est de la métropole. Ce cas n'aurait toutefois rien à voir avec les trafiquants appréhendés jeudi.

À l'issue d'une enquête de quelques semaines portant le nom évocateur de Sevrage, les enquêteurs de la section Crimes de violence (CDV) de la division Sud ont démantelé un réseau de trafiquants prétendument liés aux Hells Angels qui auraient écoulé du fentanyl, de l'héroïne et de la cocaïne dans le Village gai, dans l'est de Montréal et à Longueuil.

Même si les policiers ont retrouvé une très petite quantité de fentanyl, le fait que cette drogue a pu faire deux victimes, l'une ayant perdu la vie et l'autre ayant pu être sauvée, fait partie de leur enquête.

« Cela n'est pas venu influencer l'enquête, mais nous avons des informations voulant que les deux victimes aient consommé de la drogue vendue par cette organisation. On se questionne encore. Aussitôt que l'on reçoit des informations sur la vente de fentanyl, cela devient une priorité pour nous », explique le commandant Mustaki Jean du Service des enquêtes partagées de la division Sud.

Plus de 2 millions de dollars

Lors de 10 perquisitions effectuées jeudi à Montréal, à Lavaltrie et à Longueuil, les enquêteurs du SPVM, aidés de policiers de Longueuil, de Trois-Rivières et de la Sûreté du Québec, ont mis la main sur 50 kg de méthamphétamines permettant de fabriquer, selon la police, 500 000 comprimés vendus 5 $ chacun sur le marché noir, ce qui représente une valeur de 2,5 millions.

Ils n'ont toutefois pas retrouvé l'équipement servant à presser les comprimés. Les policiers ont aussi saisi d'autres stupéfiants, dont 850 g de cocaïne - d'une valeur de 135 000 $ une fois écoulés dans la rue -, et une somme de 160 000 $.

Trois individus ont été arrêtés : la présumée tête dirigeante, Alain Larocque, 53 ans, Patrick Gauthier, 40 ans, et Daniel Gilbert-Veillette, 49 ans. Ils ont été accusés de plusieurs chefs de possession de stupéfiants en vue d'en faire le trafic, et de trafic. Gilbert-Veillette fait également face à des accusations de trafic d'un médicament, d'un anxiolytique et de Cialis, et de possession d'une arme prohibée, un « morningstar », soit une boule de métal hérissée de pics fixée au bout d'un manche. Gauthier est aussi accusé de possession de munitions.

La poursuite s'est opposée à leur remise en liberté et leur enquête sur cautionnement a été fixée à lundi.

Avec un proche de Maurice Boucher

Larocque a un lourd passé judiciaire. En septembre 2013, il a été condamné à 45 mois de pénitencier pour une affaire de trafic de stupéfiants.

En 2003, il avait été arrêté avec plusieurs individus, dont un proche de Maurice Boucher, Steven Bull Bertrand, lors du démantèlement d'un réseau de trafiquants par les enquêteurs de l'escouade Carcajou.

Il avait aussi été accusé d'avoir comploté avec Bertrand et d'autres individus pour assassiner un membre des Bandidos, Normand Whissel, en 2002.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l'adresse postale de La Presse.

Photo fournie par le SPVM

Daniel Gilbert-Veillette est accusé de plusieurs chefs de possession de stupéfiants en vue d'en faire le trafic, et de trafic.

Photo fournie par le SPVM

Alain Larocque est accusé de plusieurs chefs de possession de stupéfiants en vue d'en faire le trafic, et de trafic.