Échaudée par le «cirque médiatique» qui a découlé d'une rencontre entre deux de ses enquêteurs et Patrick Lagacé, la Sûreté du Québec a préféré ne pas poursuivre une enquête concernant des fuites médiatiques de peur de déclencher une autre «tempête».

Devant la Commission Chamberland ce matin, l'inspecteur-chef Mario Smith a expliqué que cette rencontre tenue en septembre 2014 avait créée une «tempête à l'interne».

Dans le cadre d'une enquête pour savoir qui avait laissé couler de l'information aux médias concernant la traque du policier Ian Davidson, qui avait tenté de vendre de l'information ultra sensible du SPVM, les policiers avaient rencontré le journaliste pour tenter de connaître sa source.

Dans une chronique, Patrick Lagacé avait relaté les détails de cet entretien. Une attention médiatique qui semble avoir dérangé la SQ. «Il y a eu des attaques personnelles à l'endroit de mes policiers, deux gentlemen. Ils se sont fait planter...» a dit Mario Smith, qui était alors leur patron.

Il affirme que la rencontre avait pour objectif de dire à Patrick Lagacé qu'il était un témoin dans cette enquête. «C'était pour la forme, la stratégie. Je ne m'attendais pas à ce qu'il nous donne sa source», a poursuivi Mario Smith.

En 2015, la SQ a préféré laisser en suspens une autre enquête pour déterminer l'origine d'une fuite médiatique. Les relevés téléphoniques de six journalistes qui ont été obtenus montraient pourtant un grand nombre d'appels entre deux policiers et des journalistes. Toutefois, l'inspecteur-chef en était venu à la conclusion que des policiers qui auraient voulu transmettre de l'information privilégiée à des journalistes l'auraient fait de manière plus discrète.

«Malgré qu'on a des policiers qui ont des liens fréquents avec des journalistes, je vois mal comment on pourrait aller plus loin. Si ces gens-là voulaient vraiment couler de l'information, ils ont de l'expérience en matière d'enquête, ils n'auraient pas utilisé leur téléphone personnel», a-t-il estimé.

Le fait qu'il doive de nouveau demander à des enquêteurs d'aller rencontrer des journalistes a aussi contribué à mettre l'enquête en suspens, a expliqué Mario Smith.

«C'e n'est pas vrai que je vais renvoyer un de mes enquêteurs à l'abattoir rencontrer un journaliste. Qu'on refasse encore un cirque médiatique avec des rencontres de témoins, je ne voulais pas qu'on retourne là-dedans», a dit l'inspecteur-chef, qui a estimé que les «chances de réussite n'auraient pas été fortes».