«Dans ce texte paru le 29 avril dernier, nous avons pu laisser entendre que l'avocat Jules Boisvert avait été complice d'un réseau de fraudeurs spécialisés dans la "fraude aux grands-parents". Or, nous avons été informés depuis que son nom était utilisé à son insu par les présumés fraudeurs et qu'il avait collaboré avec les forces policières. Nos excuses.»

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a rapatrié d'Italie, vendredi, la tête dirigeante d'un réseau de fraudeurs spécialisé dans la « fraude aux grands-parents », qui aurait fait 500 victimes à travers le Québec grâce à une organisation bien rodée qui employait des téléphonistes, des coursiers et des superviseurs afin de détrousser les personnes âgées.

Patrick Dinucci, 32 ans, a défilé à l'aéroport de Montréal avec un capuchon sur la tête vendredi après-midi, flanqué de policiers qui l'avaient pris en charge à Rome, plus tôt dans la journée.

L'ancien lavallois, déménagé en Italie en 2015 avec sa nouvelle conjointe, est accusé d'avoir dirigé un groupe qui utilisait un stratagème frauduleux désormais très répandu pour arnaquer les personnes âgées. Plusieurs centaines de milliers de dollars auraient été dérobés.

« Tout l'argent allait vers lui. Il s'est payé la belle vie, des véhicules, des voyages. Il pensait que ça aller durer tout le temps », dit Juan Vargas, commandant du SPVM.

Les suspects ciblaient des personnes âgées vulnérables et les appelaient en se faisant passer pour un de leurs petits-fils. L'appelant disait être pressé, avoir besoin d'aide pour être libéré, sans quoi il risquait d'être gardé en détention. Puis, il passait rapidement le combiné à son « avocat ». Ce dernier demandait un montant d'argent pour faire libérer le petit-fils.

Les victimes dépassées par les événements, sous pression, remettaient des milliers de dollars. Les sommes étaient parfois versées par virement bancaire. Dans certains cas, un coursier de l'organisation venait chercher de l'argent comptant au nom du faux avocat.

À partir d'Hochelaga

La plupart des membres du réseau travaillaient à partir d'Hochelaga-Maisonneuve, selon la police. Une déclaration assermentée d'une enquêteuse du SPVM déposée à la cour explique que des coursiers étaient chargés d'ouvrir des comptes dans diverses institutions bancaires pour recevoir l'argent avant de disparaître. D'autres allaient chercher l'argent comptant. 

Un superviseur faisait le lien entre les coursiers et les personnes aux échelons supérieurs qui faisaient les appels téléphoniques. L'organisation utilisait des téléphones cellulaires prépayés qui étaient changés chaque jour.

«Lorsque le montant d'argent est récupéré, le suspect le remet à une autre personne plus haut placée dans l'organisation, tout en recevant aussi un certain pourcentage», explique Nancy Simoneau, sergent-détective, dans une déclaration assermentée

Tout en haut de la pyramide se trouvait Patrick Dinucci, selon le SPVM. Ce dernier avait été arrêté par la police locale de Forli, près de Bologne, le printemps dernier, lorsque son organisation avait été démantelée à Montréal. On attendait son extradition depuis.

La police demande à la population d'être vigilante et d'exiger des preuves (nom complet, âge, historique familial) avant d'envoyer de l'argent à quelqu'un qui prétend être de la famille.

« Nous avons encore des dossiers de ce genre qui rentrent, alors nous voulons informer le public », affirme le commandant Vargas.

Photo fournie par la SPVM

Patrick Dinucci, 32 ans