Le « cerveau » d'une importante arnaque de près de 3 millions de dollars visant des régimes enregistrés de retraite a finalement été condamné hier, six ans après avoir été arrêté.

Thinh Tuong Quan, alias Jacky Quan, 47 ans, a reçu une peine de prison de deux ans moins un jour avec sursis par la juge Sophie Bourque, de la Cour supérieure. Il est également soumis à de sévères conditions et devra effectuer 240 heures de travaux communautaires.

Quan a plaidé coupable à une accusation de manipulations boursières à l'été 2016, alors qu'il subissait un procès devant jury avec deux coaccusés, Mario Dumais et Mario Paquin.

Le trio et huit autres individus avaient été arrêtés en février 2011 dans une enquête baptisée Carrefour, menée par la Gendarmerie royale du Canada, en collaboration avec l'Autorité des marchés financiers.

Une fraude de 3 millions

En gros, les suspects se sont servis des régimes enregistrés d'épargne-retraite (REER), comptes de retraite immobilisés (CRI) et fonds de revenu viager (FRV) d'une centaine d'investisseurs pour manipuler une soixantaine de titres boursiers canadiens, surtout sur le TSX. À l'époque, la police avait annoncé que le montant de la fraude s'élevait à 3 millions, ce qui exclurait toutefois les pertes fiscales pour les deux ordres de gouvernement.

Les victimes, en général des investisseurs qui avaient des problèmes financiers et avaient besoin de liquidités, ont été recrutées par l'entremise de petites annonces dans les journaux régionaux. L'organisation les convainquait de vider leurs REER, CRI ou FRV contre un versement d'argent comptant équivalant à 55 % du régime et de bons rendements boursiers. Mais en réalité, les fonds de leurs régimes obtenaient des rendements désastreux puisque l'argent était investi dans des titres boursiers manipulés. Les victimes donnaient même leurs numéros d'identification personnels (NIP) et n'avaient plus le contrôle de leurs comptes.

Des actes «regrettables»

« Les actes que j'ai posés sont regrettables. Il faut gagner sa vie honorablement. J'ai fait des erreurs, mais, depuis ce temps, je gagne ma vie honnêtement », a déclaré Jacky Quan, qui se défendait seul, avant de recevoir sa sentence.

En plus des travaux communautaires qu'il devra effectuer, Quan sera assigné à résidence 24 heures sur 24 jusqu'au 20 décembre prochain (sauf pour certaines exceptions, dont les travaux communautaires) et devra ensuite respecter un couvre-feu de 22 h à 7 h jusqu'à la fin de sa peine. Il devra avoir une ligne téléphonique terrestre, et il lui sera interdit d'utiliser un système de transfert d'appels. Il devra travailler à temps plein et fournir son horaire de travail à son agent de libération sept jours d'avance. Enfin, il sera interdit à Quan de transiger sur les marchés financiers, de donner des conseils en la matière ou d'occuper un emploi de courtier ou de conseiller, a aussi statué la juge Bourque.

Le nom de Jacky Quan a également fait les manchettes en 2010 lorsque La Presse a publié un dossier sur une société de biotechnologies, Millenia Hope, dans laquelle des investisseurs ont mis et perdu de l'argent. Quan était l'un des dirigeants de cette société à laquelle a aussi été lié le nom du défunt caïd Ducarme Joseph - assassiné en 2014 - qui a obtenu un prêt hypothécaire en disant travailler pour Millenia Hope, avait révélé le Journal de Montréal.

- Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l'adresse postale de La Presse.