L'ex-collecteur de fonds du Parti libéral du Québec, Marc Bibeau, cherche à savoir si une tentative d'entrée par effraction dans ses bureaux, l'automne dernier, ne cacherait pas un geste de l'Unité permanente anticorruption (UPAC) dans le cadre de l'enquête dont il fait l'objet.

Dans une requête déposée en cour la semaine dernière afin d'obtenir une prolongation de délai pour éventuellement contester le bien-fondé d'une perquisition des entreprises de M. Bibeau, ses avocats font état d'une cascade d'événements troublants. La requête pointe en direction de la police.

Le 18 août dernier, une carte d'accès à l'immeuble abritant notamment l'entreprise Schokbéton ainsi que la société Les centres d'achats Beauward, auxquelles est associé M. Bibeau, a disparu. Elle avait été activée au nom de « Josette Coutu ». Pour des raisons de sécurité, la carte a été annulée.

SOUPÇONS D'ACTES CRIMINELS

Ce premier événement s'est produit le lendemain d'une perquisition de nature fiscale menée par l'UPAC dans les bureaux de M. Bibeau, à Saint-Eustache. Selon des documents judiciaires datant de 2014, la police soupçonne Marc Bibeau d'actes criminels relativement au présumé financement occulte du PLQ.

Le 22 août, un problème avec le système d'ouverture des portes des bureaux a été constaté. On a appelé un réparateur, qui est venu dès le lendemain et a fait une découverte surprenante : « un dispositif permettant l'ouverture des portes à distance ». On l'a retiré.

Puis, le 19 octobre, vers 21 h 20, deux individus ont tenté de s'introduire à plusieurs reprises dans l'immeuble du boulevard Arthur-Sauvé, à Saint-Eustache. Ils avaient en main la carte d'accès qui avait été dérobée deux mois plus tôt. La scène a été filmée par les caméras de surveillance. Une plainte officielle a été déposée auprès du service de police de Saint-Eustache.

Lors de la perquisition du 17 août, les enquêteurs auraient étendu « leurs fouilles, perquisitions et saisies » aux locaux des autres entreprises de M. Bibeau, dans le même immeuble, « sans faire état d'une autorisation judiciaire à cet effet ». Dans la requête, on souligne également que les policiers ont agi « en dépit des protestations et oppositions des représentants des sociétés occupant ces locaux ».

ORDONNANCE DE SCELLÉ

Ce n'est toutefois que le mois dernier que Marc Bibeau aurait fait le lien entre tous ces événements. Le 5 janvier, l'homme d'affaires a reçu de la police un avis d'exécution d'un mandat général. « L'objet de ce mandat général est d'autoriser une perquisition secrète effectuée le 17 août 2016 », peut-on lire dans la requête.

Du coup, les avocats de M. Bibeau ont contacté la police et demandé de « confirmer par écrit [...] si la tentative d'effraction du 19 octobre 2016 était autorisée par le mandat général ». La réponse est claire : une ordonnance émise par un juge a scellé l'accès à toute information relative au mandat. M. Bibeau a répliqué en déposant une demande visant à modifier cette ordonnance.

La Presse a joint l'UPAC pour obtenir quelques éclaircissements, en vain. Du côté de Marc Bibeau, c'est son avocat Léon Moubayed qui a répondu par courriel que son « client n'est pas en mesure de commenter à ce stade puisque des procédures devant les tribunaux sont en cours ».

Devant la commission Charbonneau, Marc Bibeau a été présenté par plusieurs témoins comme le responsable du financement du PLQ sous Jean Charest. M. Bibeau aurait fait du financement sectoriel en sollicitant des firmes de génie et des entreprises de construction, ce que le principal intéressé a toujours nié.

- Avec la collaboration de Daniel Renaud

Photo David Boily, archives La Presse

L'ex-collecteur de fonds du Parti libéral du Québec Marc Bibeau

Chronologie

• 17 août 2016: Perquisition de l'UPAC.

• 18 août 2016: Disparition d'une carte d'accès vierge activée au nom de « Josette Coutu ».

• 23 août 2016: On découvre un dispositif permettant l'ouverture des portes à distance.

• 19 octobre 2016: Tentative d'entrée par effraction avec la carte d'accès « Josette Coutu ».

• 25 octobre 2016: Dépôt d'une plainte auprès du service de police de Saint-Eustache.

• 5 janvier 2017: Transmission du mandat général qui autorise une perquisition secrète.