Au terme d'une course, tôt le matin du 28 décembre dernier, en guise de paiement, un chauffeur d'Uber aurait été volé et tabassé par ses quatre jeunes passagers. Celui qui est désigné comme le leader des agresseurs, Walid Meddane, a échoué à retrouver sa liberté, vendredi.

Les voeux pieux de l'homme de 22 ans, qui disait vouloir désormais faire quelque chose de sa vie, n'ont pas fait le poids face à ses nombreux antécédents judiciaires, son passé d'oisiveté, et la violence des faits allégués dans le présent dossier. La juge Isabelle Rheault a statué que Meddane attendrait son procès pour vol qualifié en prison.

Les faits sont survenus vers 6 h 25 le matin du 28 décembre. Ralph, chauffeur pour Uber, a reçu un appel pour prendre quelqu'un à l'hôtel Park Avenue et le conduire à Verdun. Sur place, il a été avisé qu'il devait plutôt prendre ses passagers dans un Petro-Canada, non loin. Le chauffeur s'y est rendu, et quatre jeunes sont montés. Ils allaient dans l'est de Montréal. 

Rendu près de la destination, le chauffeur a senti qu'il ne serait pas payé, et a arrêté la voiture. Les jeunes sont sortis, et Meddane a dit qu'effectivement, ils ne paieraient pas la course. Le chauffeur est sorti de la voiture. Un des jeunes lui a donné un coup de poing au visage. 

Les quatre ont chacun retiré leur ceinture, qu'ils ont enroulée autour de leur poing, pour frapper le chauffeur, selon le résumé qui a été fait en Cour, vendredi. Le chauffeur a été frappé avec une bouteille de whiskey. 

Pendant la lutte, le chauffeur a sorti un canif de sa poche. Il se souvient que le leader (identifié plus tard comme étant Meddane), disait aux autres de le « piquer et le driller », de lui voler son cellulaire, ses souliers et son manteau. Le chauffeur a tout de même réussi à composer le 911. Les jeunes se sont enfuis après avoir volé des choses dans la voiture. Quand les policiers sont arrivés, un des suspects courait vers le sud. Il s'agissait de Meddane. Les policiers partis à ses trousses n'ont pas réussi à l'attraper. Il s'était sans doute caché chez sa mère, qui habite non loin.

Le chauffeur a pu identifier Meddane lors d'une parade d'identification photographique. Meddane est un sujet bien connu des policiers malgré son âge.

Se sachant sous mandat d'arrestation, Meddane s'est livré quelques jours plus tard. Les trois autres ont aussi été arrêtés. Il s'agit de Hakim Baidlym, 21 ans, et deux mineurs qui doivent répondre de leurs actes devant le tribunal de la jeunesse.

GANG DE RUE

Lors de l'enquête sous cautionnement, le procureur de la Couronne Luc Pagé a fait valoir que Meddane s'affichait ouvertement sur sa page Facebook comme membre du gang de rue des Crips (Bleus), qu'il avait des antécédents de violence, et de non respect de ses conditions. D'ailleurs, au moment de la présente affaire, il était en probation dans deux dossiers.

Me Élisabeth Ménard, avocate de l'accusé, a relevé quelques bizarreries dans cette affaire. Les courses avec Uber sont habituellement préautorisées sur cartes de crédit. Comment se fait-il que le chauffeur réclamait le prix de la course ? Ce détail n'a pas été élucidé à cette étape. Les parties doivent se revoir la semaine prochaine pour fixer une date d'enquête préliminaire. L'autre accusé, Baidlym, est lui aussi resté détenu et devrait subir son enquête sous cautionnement la semaine prochaine.

Un trop grand risque

Le frère de l'accusé et sa conjointe étaient prêts à accueillir Walid Meddane chez eux s'il était remis en liberté. Mais la juge Rheault a estimé que l'accusé représentait un trop grand risque. « Il a brisé ses conditions dans le passé... Les faits sont particulièrement violents... », a-t-elle dit.