Touchées par une importante restructuration, une réduction des heures supplémentaires et, parfois, une réduction d'effectifs, les différentes sections d'enquête du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ont connu une année plutôt tranquille au chapitre des frappes, en 2016.

La Presse en a répertorié une dizaine de plus grande envergure qui ont fait les manchettes ou non. Ce chiffre, qui n'a toutefois rien de scientifique, exclut les enquêtes en cours et celles qui n'ont pas abouti.

Sur la dizaine d'enquêtes compilées, trois ont été effectuées par les défuntes escouades Gangs de rue et Stupéfiants des quatre régions, quatre par les Enquêtes spécialisées de la Place Versailles et une par la division des Enquêtes spéciales (Affaires internes), établie au quartier général de la rue Saint-Urbain.

Une grande absente dans le palmarès officiel de cette année, la Division du crime organisé (DCO), qui a vu ses effectifs réduits l'an dernier.

« La Division du crime organisé a eu plusieurs contributions à d'autres enquêtes. Par exemple, ses enquêteurs travaillent actuellement sur la nouvelle vague d'incendies allumés dans les cafés. On va toujours faire des enquêtes d'envergure. On s'est donné comme priorité de s'occuper du crime organisé sur notre territoire et on le fait constamment », a déclaré en entrevue à La Presse l'assistant-directeur Patrick Lalonde, nouveau patron des Enquêtes spécialisées au SPVM.

« Je ne dirais pas qu'il y a eu moins de frappes, mais je dirais qu'il y a eu moins d'enquêtes d'envergure qui ont été lancées cette année. »

« Il y en a peut-être qui ont été lancées en cette fin d'année et qui donneront des résultats en 2017 », prévient-il.

Ces derniers mois, M. Lalonde a été au coeur d'une restructuration des sections Stupéfiants et Gangs de rue dans les quatre régions du SPVM qui a fait l'objet de nombreuses critiques. Des enquêteurs déplorent notamment de devoir fournir un plan d'enquête soumis à une autorisation une semaine avant de pouvoir effectuer une perquisition ou une arrestation, et ils craignent que la direction n'accorde une moindre priorité aux enquêtes lancées par des sources, ce qui réduirait la lutte contre les stupéfiants, disent-ils.

« Il y a eu presque autant de saisies de stupéfiants effectuées cette année que l'an dernier à Montréal », soutient l'assistant-directeur Patrick Lalonde.

« Avec cette restructuration, les citoyens qui se plaignent sont maintenant rappelés en dedans de deux semaines. On a fait un gain de 70 % dans le traitement des dossiers et de 4 % dans le taux de succès de nos enquêtes », ajoute-t-il.

IMPACTS DE L'ARRÊT JORDAN

M. Lalonde annonce toutefois qu'à compter des prochaines semaines, le délai entre la soumission d'un plan d'enquête et l'autorisation ou non ne sera plus d'une semaine, mais de 48 heures.

Il affirme que l'arrêt Jordan rendu cette année par la Cour suprême et limitant la durée du processus judiciaire forcera le SPVM à revoir ses procédures et que cela aura un impact en 2017. C'est déjà commencé : lors de leur opération contre de présumés trafiquants de tabac à chicha, le 6 décembre dernier, les enquêteurs du groupe Accès n'ont pas arrêté les suspects pour éviter que le compteur des délais judiciaires ne démarre alors que l'enquête et la compilation de la preuve n'étaient pas terminées.

Enfin, M. Lalonde promet des améliorations dans la lutte contre le proxénétisme en 2017 et se questionne sur des façons d'améliorer la lutte contre les fraudes et les crimes technologiques.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l'adresse postale de La Presse.

LES PRINCIPALES FRAPPES DE 2016

21 JANVIER

Plusieurs sections du SPVM démantèlent un réseau de stupéfiants lié aux gangs de rue du secteur Montréal-Nord. 13 arrestations

10 FÉVRIER

Frappe menée par les Stupéfiants de la région Nord contre un réseau qui aurait été dirigé par le chef de gang d'allégeance bleue Benson Benoit. 18 arrestations

24 FÉVRIER

Les enquêteurs des Gangs de rue effectuent une frappe contre un réseau de trafic de stupéfiants. L'opération est faite dans le cadre d'une plus grande enquête chapeautée par la Division du crime organisé, baptisée Accalmie, visant à mettre fin aux violences au sein des gangs de rue. 10 arrestations

13 AVRIL

Frappe menée par les enquêteurs de la région Est et de la Division du crime organisé contre un gang de rue d'allégeance rouge à Montréal-Nord. 5 suspects visés

18 MAI

Projet Paprika mené par la Division des produits de la criminalité contre des producteurs de marijuana sur le boulevard Saint-Laurent. Plus de 20 arrestations

25 MAI

Opération menée par la Division des crimes économiques contre un réseau spécialisé dans la fraude « grands-parents ». 23 arrestations

8 JUIN

Opération menée par la Division des produits de la criminalité contre une entreprise de remorquage aux méthodes douteuses. 18 arrestations

7 JUILLET

Arrestations de policiers effectuées par les Enquêtes spéciales du SPVM qui a mené à ce qui a été baptisé « l'affaire Lagacé ».

6 DÉCEMBRE

Projet Mixture mené par les enquêteurs du groupe Accès contre un possible réseau de trafiquants de tabac à chicha.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Patrick Lalonde, assistant-directeur du SPVM