L'alerte Amber, comme celle qui a mobilisé les services policiers albertains au cours des dernières heures, a connu un succès retentissant depuis son implantation au Québec en mai 2003.

Les statistiques obtenues par La Presse canadienne auprès de divers corps policiers démontrent qu'il s'agit là d'une démarche efficace pour retrouver et protéger les enfants victimes d'enlèvement.

Au Québec, sur une période de 13 ans, 11 alertes Amber ont été déclenchées et toutes, sans exception, ont connu un dénouement heureux, les enfants étant retrouvés sains et saufs.

La dernière de ces opérations est survenue le 17 juin dernier à Wotton, en Estrie, alors qu'une femme et sa fillette d'un an avaient été retrouvées sauves à Sherbrooke dans les heures suivant leur enlèvement par l'ex-conjoint de la dame.

À l'échelle canadienne, toutefois, on ne peut parler d'un «score parfait», malgré des résultats spectaculaires là aussi.

La Gendarmerie royale du Canada (GRC) recense ainsi 92 activations de l'alerte Amber d'un océan à l'autre, excluant celle de mardi à Calgary.

En tout, les enfants ont été retrouvés vivants dans 86 cas, soit un taux de succès de plus de 93 pour cent.

Malheureusement, quatre enfants ont été retrouvés morts, un autre est toujours porté disparu, bien que des accusations de meurtre aient été portées contre le suspect, et un des cas a été annulé, car il a été déterminé par la suite qu'il ne correspondait pas aux critères.

L'alerte Amber vise à répandre le plus d'information possible, le plus rapidement possible, lorsqu'une disparition d'enfant est signalée, puisqu'il est maintenant clairement établi que les premières heures sont cruciales dans ce type de situation.

La première Amber

L'idée a vu le jour à la suite du décès de la petite Amber Hagerman, âgée de 9 ans, à Arlington au Texas, le 13 janvier 1996.

À l'époque, bien qu'un citoyen avait fait la description du suspect ayant enlevé la fillette et de son véhicule, l'enfant avait été retrouvée morte quatre jours plus tard.

C'est alors que plusieurs citoyens ont communiqué avec des stations de radio et avec les policiers d'Arlington pour suggérer d'utiliser du temps d'antenne spécial afin d'émettre un avis à la population.

Le 30 avril 2003, le Congrès américain adoptait l'Amber Alert Bill pour assurer l'application uniforme de l'alerte dans les États et, moins d'un mois plus tard, l'alerte était adoptée au Québec.

Bien qu'elle fasse toujours référence à la petite Amber Hagerman, l'alerte Amber dans la Belle province a succombé au penchant québécois pour les acronymes, signifiant désormais «Alerte Médiatique But Enfant Recherché».

Critères

Deux services de police sont autorisés à déclencher une alerte Amber au Québec, soit la Sûreté du Québec (SQ) et le Service de police de la ville de Montréal (SPVM), quoi que toujours en partenariat avec la GRC.

Un déclenchement n'est possible qu'en présence de trois critères précis, soit: que les policiers ont des motifs raisonnables de croire qu'une personne de moins de 18 ans a été victime d'un enlèvement; que les circonstances entourant l'enlèvement laissent craindre pour la santé ou la vie de l'enfant; et que les policiers possèdent suffisamment de renseignements descriptifs sur l'enfant, le suspect ou le moyen de transport utilisé pour qu'une diffusion immédiate de l'alerte aide à retracer l'enfant.

Dès qu'une alerte Amber est lancée, les policiers demandent la collaboration d'une série de partenaires durant deux heures ou plus, soit la période que l'on juge critique pour qu'une situation de crise connaisse un dénouement heureux.

Ces partenaires comprennent les médias, mais aussi depuis quelques années, les médias sociaux tel Facebook, qui a une page consacrée à l'alerte Amber, ainsi que le ministère des Transports, qui affiche l'information sur ses panneaux à messages variables sur le réseau routier, et Astral Affichage, qui en fait autant sur ses panneaux digitaux dans la grande région de Montréal.

La Société de l'assurance automobile du Québec transmet également l'information à tous les contrôleurs routiers qui sillonnent les routes et qui sont bien placés pour repérer un véhicule suspect.

Parmi les autres partenaires, notons également le Réseau enfants retour Canada, les centres d'appels d'urgence 911, Loto Québec (qui affiche le message d'alerte sur ses terminaux munis d'afficheurs-clients) et l'Association canadienne des télécommunications sans fil, qui distribue gratuitement les alertes Amber aux clients canadiens de la téléphonie cellulaire.

Statistiques canadiennes

• Activations totales depuis l'existence du programme: 92 (excluant celle du 12 juillet 2016 à Calgary)

• Nombre total d'enfants impliqués: 50 garçons, 58 filles

• Enlèvements impliquant un inconnu: 22

• Enlèvements impliquant un parent ou un membre de la famille: 54

• Enlèvements impliquant une personne connue de la famille ou de l'enfant: 11

• «Autres» (qui ne se sont pas avérés des enlèvements): 5

• Déclenchements d'alerte où les enfants ont été retrouvés vivants: 86

• Déclenchements d'alerte où les enfants ont été retrouvés morts: 4

• (Une alerte en Colombie-Britannique a été annulée après qu'il eut été déterminé qu'elle ne correspondait pas aux critères; dans un autre cas, une accusation de meurtre a été portée, mais la dépouille de l'enfant n'a jamais été retrouvée)

• Alertes par province:

• Terre-Neuve: 0

• Nouveau-Brunswick: 0

• Nouvelle-Écosse: 0

• Île-du-Prince-Édouard: 0

• Québec: 11

• Ontario: 37

• Manitoba: 0

• Saskatchewan: 6

• Alberta: 22 (excluant celle du 12 juillet 2016 à Calgary)

• Colombie-Britannique: 16