Depuis le début de l'année, il y a eu deux fois moins de meurtres à Montréal que durant la même période l'an dernier. Selon des chiffres de la police de Montréal et de La Presse, entre le 1er janvier et le 30 juin 2016, 7 assassinats ont été commis dans l'île comparativement à 12 pour la même période en 2015. C'est le chiffre le plus bas des 10 dernières années et cela constitue vraisemblablement un record.

Même s'il est impossible de prévoir à quoi ressembleront les six prochains mois, ces statistiques ne font que suivre une tendance observée depuis déjà plusieurs années, dit Marc Ouimet, professeur de criminologie à l'Université de Montréal.

« Aujourd'hui, cela a diminué à environ 70 meurtres pour toute la province. À Montréal, la tendance à la baisse se poursuit et je ne crois pas que cela va remonter, à moins qu'il y ait un événement majeur », dit-il.

TECHNOLOGIE DISSUASIVE

« Ce qui explique en grande partie cette diminution, ce sont les risques de se faire prendre, en raison notamment de la technologie. Aujourd'hui, il y a des caméras partout. Et à peu près tout le monde a un téléphone avec lequel il peut filmer. On a la géolocalisation sur nos téléphones. Lorsqu'on est sur notre ordinateur ou notre téléphone, qu'on pose des gestes, qu'on envoie des messages, qu'on effectue des appels ou qu'on envoie des textos, on laisse des traces. On le fait également avec nos cartes de crédit ou de débit », ajoute M. Ouimet.

Le professeur croit aussi que les méthodes d'enquête plus sophistiquées, l'amélioration du renseignement et des banques de données de la police, les meilleurs outils maintenant offerts aux enquêteurs sont autant de facteurs dissuasifs.

Sur les sept meurtres commis dans la métropole cette année, trois sont liés au crime organisé ou aux stupéfiants, deux sont des drames familiaux ou conjugaux, un serait lié à la maladie mentale et le dernier a un mobile encore inconnu.

Marc Ouimet affirme qu'il y aura toujours des meurtres à Montréal, mais que les plus fréquents risquent d'être ceux liés à la maladie mentale et au crime organisé.

« Les groupes criminels multiplient les intervenants, du commanditaire jusqu'à la commission du crime. Ils prennent tous les moyens pour effacer les traces, pour que la police ne remonte pas jusqu'à eux », explique le professeur.

Marc Ouimet admet que certains autres facteurs peuvent aussi expliquer la tendance à la baisse du nombre de meurtres à Montréal, telles l'amélioration constante de la médecine, qui permet de sauver de plus en plus de vies, et la migration des individus liés au crime organisé vers les banlieues.

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Les balles sifflent

Le nombre de meurtres a beau être très bas, on enregistre tout de même environ 45 tentatives de meurtres, agressions armées ou incidents de coups de feu depuis le début de l'année à Montréal, selon une compilation de La Presse. Une quinzaine de ces événements impliquent des armes à feu et une vingtaine impliquent des armes blanches. C'est sans compter les crimes qui auraient pu être commis sans avoir été rapportés ou signalés aux médias. Notons, parmi tous ces événements, des tentatives de meurtre au moyen d'armes à feu dans le cadre du conflit entre gangs des plans Robert et Bellechasse, dans Rosemont et Saint-Michel, et l'attentat contre un individu lié à la mafia ayant reçu au moins une demi-douzaine de balles, qui a survécu mais qui souffre de graves séquelles.

Sanglante migration

Sept meurtres commis à Montréal, c'est seulement deux fois plus que les trois assassinats survenus depuis le début de l'année à Laval. Deux de ces trois meurtres sont directement liés à la lutte de pouvoir qui continue de secouer la mafia montréalaise, alors que le mobile du troisième, celui d'un jeune homme de 22 ans tué le 28 juin dernier, demeure inconnu. Trois homicides, c'est la moyenne des 10 dernières années en ce qui concerne les meurtres commis durant une année complète à Laval. Il faut toutefois préciser que la ville a connu une année hors normes en 2009 avec sept homicides. D'autres meurtres liés au crime organisé ou aux stupéfiants ont été commis dans la couronne nord de Montréal depuis le début de cette année, un à Terrebonne et l'autre à Mirabel.

Quand on se compare...

... on se console. Aux prises notamment avec des conflits entre gangs de rue, Toronto enregistre l'un de ses débuts d'année les plus sanglants depuis 2005 avec plus de 30 victimes de meurtre, dont une vingtaine par balles (au 7 juin dernier). En 2005, baptisée « Year of the Gun » (l'année du pistolet), 52 fusillades ou meurtres par balles sont survenus dans la Ville Reine, faisant 78 morts. Depuis le début de cette année, les policiers de Toronto ont saisi plus de 300 armes à feu illégales. La situation est telle qu'elle a forcé le maire de Toronto, John Tory, à convoquer une conférence de presse au début de juin pour expliquer les mesures prises pour mettre fin à la vague de violences.