Depuis que la Couronne envisage de le faire déclarer délinquant dangereux, Raynald Leblanc a compris bien des affaires.

L'homme de 43 ans, qui a fait de nombreux vols qualifiés dans sa vie, s'est investi dans divers programmes depuis deux ans. Il se dit maintenant bien résolu à régler son problème de consommation et à couper les ponts avec le milieu criminel. C'est ce qu'il a fait valoir, hier, en plaidant sa cause devant la juge Silvie Kovacevich. M. Leblanc, qui n'a plus d'avocat, a décidé de se représenter seul.

M. Leblanc utilisait une fausse arme et, selon lui, il commettait ses forfaits avec un certain tact. Il s'est toujours considéré comme non violent. La dernière fois, en 2011, il a été arrêté pour une série de vols qualifiés dans des bars branchés du Plateau Mont-Royal. Au début de son incarcération, il ne participait à rien. Il ne voulait pas faire de programme de méthadone pour cesser sa consommation. Il pensait arriver seul à se défaire de sa dépendance aux opiacés, dont l'héroïne. Maintenant, il accepte d'être aidé. Depuis deux ans, il a fait plusieurs programmes et il comprend que, même s'il n'avait pas de vraie arme et n'a jamais voulu faire de mal quand il volait, c'était quand même de la violence.

Poli

S'exprimant poliment et avec aisance, il a parlé de son enfance et de son parcours. Son père, il ne l'a à peu près jamais connu. Quant à sa mère, elle était alcoolique. M. Leblanc et ses quatre frères et soeurs ont été placés en bas âge parce que leur mère ne pouvait s'occuper d'eux convenablement. Il a été ballotté dans des familles et des centres d'accueil jusqu'à ses 18 ans. Les mauvaises fréquentations l'ont amené à commettre des vols. C'était pour lui un moyen de subsistance. Il volait pour payer son loyer et sa drogue.

Parallèlement à ses relations criminelles, M. Leblanc fréquentait du monde « normal », a-t-il dit. Ses conjointes étaient des filles sérieuses. Ce qui faisait de lui un gars « pas mal mélangé ».

M. Leblanc n'a pas apprécié que la psychiatre qui l'a évalué à la demande de la Couronne signale qu'il a été indifférent à la mort de sa mère.

« C'est ce que j'ai entendu de plus méchant dans toute ma vie. J'ai braillé ma vie pendant trois ans. Ma mère était alcoolique, elle est morte à 62 ans, assassinée par un ancien conjoint », a-t-il dit, des trémolos dans la voix.

La psychiatre retenue par le Ministère public recommande que M. Leblanc soit déclaré délinquant dangereux, tandis que l'expert de la défense estime qu'un encadrement serré après sa peine serait suffisant.

Le dossier se poursuivra à une date ultérieure, car M. Leblanc veut faire venir des témoins. La procureure de la Couronne, Rachelle Pitre, pourra aussi contre-interroger M. Leblanc.