Les hommes qui tuent leur conjointe sont plus nombreux à être condamnés que ceux qui assassinent des personnes étrangères, mais ils reçoivent généralement des peines plus légères, selon une nouvelle étude.

La recherche, qui a été publiée dans Current Sociology, a découvert que les hommes qui tuent leur épouse, leur petite amie ou une autre femme faisant partie de leur famille écopaient de peines d'emprisonnement plus courtes que ceux qui s'en prenaient à des inconnues.

En fait, d'après l'étude, les hommes qui assassinent des femmes qu'ils connaissent sont traités de façon plus indulgente par le système judiciaire, et ce, à toutes les étapes du processus. Par exemple, ils font moins souvent face à des accusations de meurtre au premier degré.

L'auteure de la recherche, Myrna Dawson, professeure adjointe en sociologie à l'Université de Guelph, a baptisé ce phénomène la «réduction pour cause d'intimité».

Selon Mme Dawson, cela pourrait vouloir dire que les femmes tuées par leur conjoint sont encore vues comme un bien appartenant à ce dernier et que, pour cette raison, ce type de féminicide serait considéré moins grave que les autres.

Autre explication possible: le meurtre d'une conjointe ou d'une proche est habituellement perçu comme un «crime passionnel» ou un acte provoqué par la victime.

«En dépit de la prédominance de ces croyances, les stéréotypes qui en découlent ont encore été très peu examinés», a déclaré la chercheuse en entrevue avec La Presse Canadienne.

«Certaines études préliminaires ont montré que la préméditation ou l'intention était en fait beaucoup plus fréquente dans les cas où les hommes assassinent leur conjointe.»

La recherche a également découvert que les hommes qui tuent leur conjointe étaient trois fois plus nombreux à être inculpés que ceux qui assassinent des étrangères.

Lorsque le crime concerne un proche, il est généralement plus facile de le résoudre et de traduire le coupable en justice, laisse entendre l'étude. Les peines plus légères pourraient donc s'expliquer par des accusations moins graves en échange d'un plaidoyer de culpabilité.

«Déterminer si c'est le processus entourant le plaidoyer ou les stéréotypes communs qui sont à l'origine de cette relation (entre condamnation et peine) est la prochaine étape de ma démarche, une étape sur laquelle je travaille déjà», a conclu Myrna Dawson.