Alain Magloire serait-il encore en vie si les policiers impliqués dans l'intervention qui s'est conclue par sa mort avaient eu accès à un pistolet électrique? Le coroner Luc Malouin, chargé d'enquêter sur la mort d'Alain Magloire, est loin d'en être convaincu. Il est néanmoins d'avis que le déploiement des pistolets électriques au sein du SPVM devrait être accéléré.

Montréal dispose de 75 pistolets électriques, dont 33 sur le terrain. C'est 10 fois moins qu'à Toronto, qui en possède 700.

Le coroner s'est dit inquiet des problèmes croissants liés à l'itinérance et aux troubles de santé mentale sur le territoire montréalais. «Il faut trouver une solution entre le laisser-aller et l'arme à feu. Il doit y avoir une volonté politique et économique. Il ne faut pas que ça prenne 15 ans!»

Le SPVM fait partie des premiers corps policiers au Canada à s'être munis de l'arme à impulsion électrique (AEI), qu'il a intégrée à l'arsenal du groupe tactique d'intervention en 2000. Toronto a fait de même en 2002. «À l'époque, c'était nouveau et très controversé», a expliqué le commandant Richard Thouin, responsable du dossier au SPVM.

Le premier déploiement au sein des postes de quartier (PDQ) n'a eu lieu qu'en 2012, après que des cas similaires à celui de M. Magloire furent survenus. Depuis 2011, trois hommes ayant des problèmes de santé mentale et armés ont été abattus par des policiers: Mario Hamel, Farshad Mohammadi et Jean-François Nadeau. Rappelons que le coroner Jean Brochu, dans un rapport d'enquête publié en décembre 2012, avait notamment recommandé une augmentation du nombre d'AEI sur le terrain. À ce jour, 10 PDQ sont munis d'un pistolet. «Je voudrais que ça avance plus vite, mettre de la pression», a dit le coroner.

Le pistolet électrique n'est pas efficace à tout coup. La corpulence du sujet, sa tenue vestimentaire, ses mouvements et sa sensibilité, ainsi que les conditions météo, la distance et la précision du tir, peuvent compliquer les choses, a expliqué Sylvain Asselin, maître-instructeur en tir pour le SPVM. L'effet dissuasif est néanmoins marqué: l'an dernier, les agents du SPVM ont sorti le pistolet électrique à 60 reprises et, dans 46 cas, la seule vue de l'arme intermédiaire a suffi pour que l'individu interpellé se rende.

Rappelons que l'agent Mathieu Brassard, qui a fait feu sur Alain Magloire le 3 février 2014, avait demandé un «taser» lors de l'intervention policière qui a mal tourné. Le pistolet électrique est arrivé sur les lieux quelques instants après la confrontation mortelle.

Le coroner entendra aujourd'hui Bruno Poulin, expert en emploi de la force de l'École nationale de police du Québec.