Guy Lafleur ne sait pas si sa mise en accusation en 2008 était une commande d'en haut. Ce qu'il sait, par contre, c'est qu'il y avait un «regroupement de femmes toutes contre lui». Il a pensé à un «trip de femmes».

«Je n'ai peut-être pas pris les mots appropriés, mais je ne regrette pas, c'est du passé et je l'ai dit», a fait valoir Guy Lafleur, hier, alors qu'il était contre-interrogé par l'avocat de la Ville de Montréal, Pierre-Yves Boisvert, dans le cadre du procès civil qu'il a intenté contre le Procureur général du Québec et la Ville de Montréal. M. Lafleur estime avoir été accusé injustement en 2008, et réclame plus de deux millions en dommages.

M. Lafleur se souvient d'avoir vu la policière dans le dossier de son fils Mark faire des accolades et des embrassades à l'ex-conjointe de Mark (la plaignante) et à la mère de celle-ci. Cela s'est passé au palais de justice. Les procureures de la Couronne et les policières étaient des femmes.

«À un moment donné, on devient paranoïaque. Je me suis dit : est-ce que c'est un trip de ces filles-là qui veulent me passer au cash ?», a illustré l'ex-hockeyeur maintenant âgé de 63 ans.

M. Lafleur a également noté que la procureure de la Couronne Lori Renée Weitzman, impliquée dans son dossier, avait été nommée juge par la suite. Il a pensé que le fait d'avoir obtenu sa condamnation avait pu jouer en sa faveur.

Le FBI s'en mêle

M. Lafleur fait un autre amalgame. Le 11 octobre 2007, quatre jours avant d'aller témoigner en cour pour son fils Mark, Guy Lafleur a été convoqué par deux policiers du SPVM au Centre opérationnel Ouest. Sur place, il a été interrogé sur Witey Bulger, un mafieux américain qui, depuis de nombreuses années, figurait parmi les dix criminels les plus recherchés. Le FBI pensait que M. Lafleur savait où il se cachait, ont fait valoir les policiers. Mais M. Lafleur leur a dit qu'il n'avait vu ce type qu'une fois, au début des années 80, quand Chris Nilan avait commencé à jouer avec le Canadien. Bulger était le beau-père de Nilan et, un jour, il avait invité toute l'équipe du Canadien au restaurant.

Quoi qu'il en soit, M. Lafleur affirme que la rencontre avec les policiers était intimidante. Il a été questionné sur ses avoirs, ses placements, s'est fait demander s'il avait de l'offshore... On l'a avisé que le FBI l'avait à l'oeil, et qu'il pouvait détruire des familles et une carrière quand il s'y mettait.

Le témoignage

Quatre jours plus tard, le 15 octobre, M. Lafleur est allé témoigner pour son fils Mark, qui cherchait à obtenir une remise en liberté, car la maison de thérapie ne voulait plus le garder. La Couronne avait en main une facture prouvant que Mark avait dormi à l'hôtel plutôt que chez ses parents, en août, lors d'une sortie autorisée de la maison de thérapie. M. Lafleur a reconnu que c'était vrai, alors qu'en septembre, il avait assuré que son fils couchait à la maison lors de ses sorties.

C'est ce qui lui a valu d'être accusé de témoignages contradictoires.

Le procès se poursuit aujourd'hui.

En bref

UNE EXPRESSION DE 2012

L'expression « trip de femmes », M. Lafleur l'a utilisée pour la première fois lors d'un interrogatoire préalable au procès, en mai 2012.

REMERCIEMENTS

Me Boisvert a fait admettre à Guy Lafleur qu'il était courtois et avait remercié la policière qui l'avait arrêté au poste de police pour témoignages contradictoires.

« Oui, je suis poli. J'ai remercié le Canadien quand ils m'ont mis à la porte », a rétorqué M. Lafleur.

COMME AU SALON FUNÉRAIRE

« Oui, j'ai eu l'encouragement de la population [en lien avec ses démêlés judiciaires]. Mais le mal était fait. Je compare ça à aller au salon funéraire. »

- Guy Lafleur