Le nouveau local des Hells Angels à Chambly est le dernier-né d'une tendance de plus en plus observée au pays et grâce à laquelle les motards espèrent faire cesser la saisie de leurs bunkers.

C'est ce que révèle un rapport de la Sûreté du Québec (SQ) qui accompagne la résolution adoptée mardi soir au conseil municipal de Chambly par laquelle les autorités municipales ont interdit hier l'accès au local du boulevard Industriel.

«Il s'agit du seul local actif des Hells Angels au Québec. L'utilisation d'un local commercial-industriel n'est pas ce qui est habituellement fait par l'organisation des Hells Angels [...]. Toutefois, plusieurs groupes de motards et même des chapitres des Hells Angels en Ontario ont recours à de tels locaux. Celui-ci (Chambly) suit donc une tendance en augmentation au pays. Même si le local ne pourra accueillir des rassemblements majeurs, il est suffisant pour tenir des réunions. Dans les dernières années, plusieurs locaux des Hells Angels ont été saisis ou détruits sur l'ordre des tribunaux. L'utilisation de locaux loués rend plus difficile la saisie des locaux par les autorités», écrit un policier du Service des renseignements criminels de la SQ.

Une première au Québec

C'est vraisemblablement la raison pour laquelle la Ville de Chambly a utilisé une méthode qui serait une première au Québec et qui n'a jamais été testée devant les tribunaux pour tenter de chasser les Hells Angels dont la présence dans le local du boulevard Industriel a été dévoilée par La Presse il y a un mois.

Hier matin, les autorités municipales ont placardé des affiches interdisant l'accès au local controversé en vertu de l'article 348.1 de la Loi des cités et villes, qui stipule qu'un conseil peut interdire, pour une période maximale de 90 jours, l'accès à tout immeuble dont l'usage est susceptible de mettre en danger la vie ou la santé des personnes, ou de causer un dommage sérieux ou irréparable aux biens.

D'ailleurs, la compagnie Intact Assurance, qui assurait les locaux du 2200, boulevard Industriel, a résilié tous ses contrats, autant ceux des locaux voisins que ceux du propriétaire de l'immeuble, Gérard Thibeault. «Mais je me suis trouvé une nouvelle compagnie, et à moins cher», a dit ironiquement l'homme d'affaires joint par La Presse.

À l'origine, le local fréquenté par les Hells Angels était loué par Gérard Thibeault lui-même, au profit d'une société à numéro. Il dit ne plus être locataire depuis le 29 octobre et avoir laissé ce titre à la société en question.

Même si le 19 juin dernier des policiers l'ont observé en train de discuter avec les motards Daniel Normand et Rock Delaney alors vêtus de leur veste des Hells Angels, l'homme d'affaires jure à La Presse que ses locataires ne se sont jamais présentés comme des Hells Angels. «Des patchs, il y en a de toutes sortes», dit-il.

M. Thibeault a 10 jours pour contester la décision de la Ville et il entend bien le faire.

Motards vus au local de Chambly depuis la mi-juin

Daniel Normand, membre de la section South

A plaidé coupable à une accusation de complot pour meurtre lors de l'opération SharQc en octobre 2012.

Rock Delaney, membre de la section South

A plaidé coupable à une accusation de complot pour meurtre lors de l'opération SharQc en août 2013 ; il lui restait 13 mois de prison à purger.

René Monfette, membre de la section de Trois-Rivières

A plaidé coupable à une accusation de complot pour meurtre lors de l'opération SharQc en avril 2013 et il lui restait 18 mois à purger.

Kenny Bédard, candidat des Hells Angels

Ancien membre des Rockers

Steven Collard, membre des Red Devils, club-école des Hells Angels

Ancien candidat des Hells Angels

Source : Rapport de la Régie de police Richelieu-Saint-Laurent