Les adolescents seraient de plus en plus nombreux à se faire extorquer de l'argent après avoir partagé des photos explicites d'eux sur Internet, selon le Centre canadien de protection de l'enfance.

L'organisme, établi à Winnipeg, a reçu depuis quelques semaines des dizaines d'appels d'adolescents qui subissaient ce type de cyberintimidation.

La directrice adjointe de l'organisme, Signy Arnason, indique que la plupart du temps, ce sont des adultes se faisant passer pour des adolescents qui prennent des images de leurs interlocuteurs à leur insu. Ils les menacent ensuite de publier les photos ou les vidéos s'ils ne versent pas une somme allant de 200 à 900 $.

Ces jeunes sont désespérés parce qu'ils se sentent obligés de donner de l'argent pour ne pas que des images explicites d'eux se retrouvent sur les écrans de leurs parents. Ce type d'extorsion a même poussé certains adolescents à s'enlever la vie.

Amanda Todd, une jeune fille de 15 ans de la Colombie-Britannique, s'est suicidée en 2012 après avoir subi ces menaces durant deux ans. Elle s'était dévêtue durant une séance de clavardage et ses détracteurs menaçaient de partager les images. Elle avait publié une vidéo de huit minutes exposant sa détresse avant de passer à l'acte.

La mort d'une autre adolescente victime de cyberintimidation en Nouvelle-Écosse, dont l'identité doit rester anonyme en raison d'une interdiction de publication, avait suscité l'émoi au pays. Cet événement avait amené le gouvernement du Canada a adopter de nouvelles lois sur la distribution d'images sexuellement explicites.

Très grand risque pour les adolescents

Selon Mme Arnason, les adolescents sont très vulnérables parce qu'ils agissent souvent par impulsion en ne sachant pas qu'ils sont enregistrés.

«Quand ils participent à une séance de clavardage, ils ne pensent pas aux stratégies que quelqu'un pourrait utiliser de l'autre côté pour enregistrer. Ils pensent qu'ils vivent ici et maintenant. Quand ils ferment (la fenêtre), c'est fini», a-t-elle expliqué.

Même lorsqu'ils finissent par verser de l'argent, rien ne leur garantit que les images seront vraiment détruites. «Ils peuvent bien dire que les images sont supprimées, mais comment les croire? Ils ont encore les images que ces adolescents veulent absolument récupérer», a-t-elle souligné.

Mme Arnason estime qu'il est nécessaire que les parents parlent avec leurs enfants pour qu'ils puissent demander de l'aide s'ils sont confrontés à ce problème. «Si on peut augmenter les chances qu'ils viennent à nous, cela va réduire les possibilités qu'ils versent de l'argent ou qu'ils envoient d'autres images.»