Quelques jours avant qu'il ne tue trois agents de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et en blesse deux autres, le suspect de la fusillade de Moncton s'emportait contre l'autorité et devenait paranoïaque, rapporte son père.

Ces commentaires se retrouvent dans un affidavit signé par Victor Bourque, déposé jeudi à la cour provinciale.

Son fils, Justin Bourque, fait face à trois chefs d'accusation de meurtre au premier degré et à deux chefs de tentative de meurtre. Il n'a pas encore fait son plaidoyer.

Dans l'affidavit, Victor Bourque affirme qu'il n'a pas remarqué de problème mental ou émotionnel sérieux chez son fils jusqu'à il y a un an et demi, lorsque son état a commencé à se détériorer.

Ce témoignage a été utilisé par l'avocat de l'accusé, David Lutz, afin de réclamer l'évaluation psychiatrique de son client. Le juge Irwin Lambert lui a accordé cette demande.

M. Lutz fait valoir, dans sa requête, qu'il a rencontré les deux parents, qu'il connaît les circonstances ayant mené à cet «horrible incident» et qu'il s'agissait, selon son expérience, d'un cas tout indiqué pour l'évaluation psychologique.

Bien que ces affirmations n'eurent pas encore été vérifiées en cour, le père affirme que son fils de 24 ans, qui vivait en famille avec ses parents et six frères et soeurs à Moncton, s'est mué en un jeune homme déprimé et paranoïaque.

«Nous étions une famille très unie jusqu'à ce que sa mère et moi lui demandions de quitter la maison. Son comportement déplacé et l'achat d'encore un autre fusil nous a poussés à lui faire cette demande», a raconté le père de famille.

Les choses se sont encore envenimées par la suite. Durant ses visites à la maison, Justin Bourque semblait très dépressif, et il était instable, émotionnellement et financièrement.

«Souvent, il faisait les cent pas en parlant de choses qui n'avaient aucun sens pour moi et les autres membres de la famille», a affirmé M. Bourque.

Deux jours avant la fusillade, il était incapable de calmer son fils alors qu'il le reconduisait à son travail.

«Il parlait et rageait contre toutes les autorités et s'en faisait avec des choses qui étaient complètement hors de son contrôle et des problèmes qui ne concernent même pas le Canada.»

«Je ne peux que décrire ce comportement comme étant de la paranoïa», a-t-il ajouté.

Le jour de la fusillade, M. Bourque était avec son fils environ deux heures et demie avant que les premiers coups de feu retentissent dans le nord de Moncton. Justin Bourque avait dit à son père qu'il allait au travail, mais son employeur a appelé, car il ne s'était pas présenté. M. Bourque a alors appelé son fils.

«Je l'ai appelé pour lui demander pourquoi il m'avait menti. Il était distant et irrespectueux avec moi au téléphone, a-t-il raconté. Il m'a raccroché la ligne au nez. Il ne m'avait jamais parlé comme ça avant. Son ton était très sec, c'était comme s'il s'agissait d'une autre personne.»

Justin Bourque doit comparaître à nouveau le 31 juillet, après son évaluation psychiatrique.

Photo La Presse Canadienne