L'ex-lieutenante-gouverneure Lise Thibault fuyait hors des limites de Québec afin de pouvoir bénéficier d'allocations supplémentaires, a expliqué mercredi un policier de la Sûreté du Québec.

Peu après son entrée en fonction en janvier 1997, Mme Thibault, qui subit son procès pour fraude et abus de confiance, logeait à Québec au Château Frontenac, a raconté l'enquêteur Robert Anctil.

Selon le policier, à partir de l'année 2000, l'ex-lieutenante-gouverneure résidait exclusivement à l'extérieur des limites de la capitale québécoise, ce qui la rendait admissible à des remboursements de dépenses auprès du gouvernement fédéral.

Lorsque les autorités fédérales ont précisé que les fusions municipales modifiaient les limites de la ville de Québec, Mme Thibault a opté pour des restaurants situés à l'extérieur, a indiqué M. Anctil.

En mars 2003, le chef de la sécurité de Mme Thibault, Guy Hamelin, a acquis une résidence à Beaupré, où habitait la lieutenante-gouverneure, qui pouvait ainsi facturer 500 $ par mois au fédéral.

Parallèlement, Mme Thibault bénéficiait d'une allocation mensuelle de résidence de 4000 $ du gouvernement du Québec, à laquelle s'ajoutait une somme de 800 $ par mois pour des frais fixes.

«Elle fuyait le secteur pour résider ailleurs», a déclaré M. Anctil.

Le procès de Mme Thibault, qui est aussi accusée d'utilisation de faux documents, s'est ouvert mercredi au palais de justice de Québec, devant le juge Carol St-Cyr.

Dans un rapport conjoint déposé il y a sept ans, les vérificateurs généraux du Québec et du Canada, Renaud Lachance et Sheila Fraser, avaient conclu qu'entre 1997 et 2007, l'ancienne représentante de la reine avait obtenu des remboursements totalisant 700 000 $ pour des dépenses qui n'étaient pas liées à ses fonctions.

Deuxième témoin entendu mercredi, M. Anctil a évoqué des dépenses qui ont attiré l'attention, notamment à l'occasion d'un séjour en Outaouais, dans une pourvoirie, pour la location de cannes à pêche et l'achat de vers de terre utilisés comme appâts.

Des anniversaires, funérailles et autres activités familiales se sont aussi révélés être des activités privées, a exposé le policier dans son témoignage.

L'avocat Marc Labelle, qui représente Mme Thibault, a fait valoir que la définition de fonctions officielles n'existait pas.

Plus tôt, M. Anctil avait expliqué que des représentations dans le cadre de fonctions officielles nécessitaient qu'une invitation soit acheminée au cabinet de la lieutenante-gouverneure. Un aide de camp était ensuite affecté et un scénario d'activité conçu.