Les semaines précédant le déclenchement des élections ont été particulièrement chargées pour les enquêteurs de l'UPAC affectés au projet Joug, sur le financement illégal des partis politiques : elles ont été marquées par un tête-à-tête avec les dirigeants du Parti québécois, mais aussi une demande à deux députés libéraux de se tenir prêts pour une rencontre.

Comme l'a appris La Presse, la police a pris contact avec les anciens ministres Yves Bolduc et Marguerite Blais pour discuter avec eux. Selon les informations recueillies, un rendez-vous était prévu, mais le déclenchement des élections a incité l'UPAC à reporter la rencontre.

Le Parti libéral du Québec (PLQ) a confirmé l'information en fin d'après-midi hier. « L'UPAC a formulé le souhait de rencontrer, si nécessaire, et dans le cadre de rencontres d'informations, Marguerite Blais et Yves Bolduc. Si ce scénario survient, ils collaboreront et M. Couillard rendra publiques ces rencontres, tel qu'il s'y est engagé », a indiqué, par courriel, Harold Fortin, attaché de presse de Philippe Couillard.

Anciens ministres

M. Fortin n'a donné aucune indication sur les dossiers que souhaitent aborder les enquêteurs avec M. Bolduc et Mme Blais. Entré en politique en 2008, le Dr Yves Bolduc a hérité immédiatement du dossier de la Santé. Les importants projets de construction du CHUM et du CUSM ont été sous sa responsabilité jusqu'à la défaite libérale de 2012.

Quant à Mme Blais, elle a été ministre responsable des Aînés. Sous le gouvernement libéral, le concept de CHSLD en partenariat public-privé a pris beaucoup d'ampleur.

Même si le Parti québécois est ciblé par le projet Joug, ainsi que l'a révélé La Presse mercredi, ce sont les libéraux qui, les premiers, ont été dans la ligne de mire de la police. Dès 2012, l'UPAC avait planifié une perquisition au siège social du PLQ, mais les rumeurs de déclenchement électoral avaient incité l'UPAC à stopper son opération.

Perquisition au PLQ

La perquisition a finalement eu lieu en juillet dernier, pendant que tout le Québec avait les yeux tournés vers les événements tragiques de Lac-Mégantic. Philippe Couillard avait alors choisi de tenir dans l'ignorance son caucus de députés, qui le lui a vertement reproché, lorsque l'information a été connue deux mois plus tard.

Le chef libéral a également eu droit à une rencontre impromptue chez lui, 48 heures après les révélations concernant la perquisition.

Des « actions policières » étaient également prévues au PQ, mais selon les informateurs de La Presse, là encore, la tenue des élections a freiné leurs ardeurs.

Marc Bibeau

Lors de leur visite au siège social du PLQ, les policiers ont saisi des documents qui pourraient avoir alimenté leur enquête. Selon le mandat de perquisition caviardé obtenu par voie judiciaire par les médias, la police a identifié Marc Bibeau, ex-collecteur de fonds du PLQ sous Jean Charest et actionnaire de Schokbéton, dont les courriels faisaient état d'activités de financement. Il est également question d'échanges d'enveloppes chez Schokbéton.

C'est dans ce même mandat de perquisition que l'on apprend qu'à elle seule, une activité de financement a généré 428 150 $. En début de semaine, le PQ a décidé de ressortir cet élément pour en faire une arme électorale en portant plainte auprès du directeur général des élections.

Par ailleurs, le député libéral Sam Hamad, ancien ministre des Transports, a rencontré les enquêteurs de la commission Charbonneau, qui se penchera, après le scrutin, sur l'attribution de contrats au sein du ministère des Transports et, par la suite, sur le financement des partis politiques. M. Hamad est un ingénieur qui a longtemps été associé à la firme Roche.