Un Torontois qui a agi comme chimiste dans un prolifique laboratoire clandestin de fabrication de méthamphétamine démantelé à Sainte-Agathe en 2010 à été condamné à dix ans de prison ce matin, ce qui serait l'une des plus sévères peines pour ce type de crime jamais prononcées au Québec.

Lors des représentations sur sentence de Shi Wing Cheung, 44 ans, le procureur de la Couronne dans cette affaire, Me Steve Baribeau, avait demandé une peine de 15 ans, en exhortant la juge Lise Gaboury de la Cour du Québec de s'inspirer des fourchettes de peines de la jurisprudence ontarienne et non québécoise.

«La particularité dans ce dossier, c'est que vous êtes en présence d'un individu qui est parti de Markham en Ontario pour venir spécifiquement se livrer à la production de méthamphétamine à grande échelle au Québec. Je vous invite à sortir des sentiers battus. Le chiffre que je vous propose, vous ne le retrouverez pas en jurisprudence au Québec», avait argué le procureur.

Dix ans de prison, c'est deux ans de plus que la sentence imposée au patron du laboratoire et chef du réseau arrêté en même temps que Cheung.

«Les criminels doivent se faire rappeler que les peines ne sont pas moins sévères au Québec et que la sanction sera sévère quand on part d'une autre province pour venir fabriquer de la méthamphétamine au Québec», écrit la juge Gaboury.

Photo La Presse

Shi Wing Cheung

1M$ par semaine

C'est le 20 mai 2010 que les enquêteurs de l'Escouade régionale mixte (ERM) Drogue de Québec ont perquisitionné un laboratoire clandestin de la rue Paiement à Sainte-Agathe dans le cadre d'un projet baptisé Hélium. Sur place, ils ont saisi plus de 20 kg de méthamphétamine sous forme de briques ensachées, prêtes à être acheminées à Cowansville pour être transformées en pilules. La police évalue que la drogue saisie aurait permis de fabriquer plus de 625 000 comprimés et que la production hebdomadaire pouvait rapporter 900 000$ par semaine à l'organisation.

Il a fallu trois jours et le travail de 75 personnes pour démanteler le laboratoire. Les chalets voisins ont été évacués en raison des risques d'explosion et l'approvisionnement en eau de 40 résidences situées près d'un lac a été interrompu durant quatre jours par mesure de précaution.

Cheung a témoigné avoir commencé à travailler avec le réseau pour rembourser une dette de 150 000$ qui avait contractée auprès d'une organisation criminelle à la suite de pertes au jeu mais que son rôle se bornait à transporter du matériel pour l'organisation. Il était toutefois payé 2 500 $ par semaine, ce qui fait dire à la juge que le condamné était davantage «un chimiste qu'un porteur d'eau».

Le condamné a aussi tenté de se faire créditer un jour et demi pour chaque journée de détention préventive parce qu'il est unilingue anglophone, qu'il vivait une forme d'isolement en prison et qu'il n'a pu s'inscrire aux programmes tous offerts en français. «Il a choisi de commettre son crime au Québec dont la langue officielle est le français», affirme la juge qui a rejeté sa demande.

Cheung a des antécédents de production d'ecstasy en Ontario qui datent de 2004. En soustrayant la détention préventive, il lui reste six ans et deux mois à purger à compter de ce jour. 

Pour joindre Daniel Renaud en toute confidentialité, composez le (514) 285-7000, poste 4918

Photo La Presse

Les enquêteurs ont découvert une importante somme d'argent dans le laboratoire de la rue Paiement à Sainte-Agathe.