Deux coups de klaxon trop empressés au coin d'une rue de la part de Carey Isaac Regis, le matin du 16 juillet 2010, ont mené à son arrestation pour deux meurtres et deux tentatives de meurtre.

C'est ce que deux patrouilleurs du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ont expliqué hier, alors qu'ils témoignaient devant le jury chargé de juger M. Regis et les deux autres hommes accusés d'être les auteurs de la tuerie du Flawnego, survenue le 18 mars 2010.

Ce jour-là, des tireurs sont entrés dans cette boutique de vêtements de la rue Saint-Jacques, dans le Vieux-Montréal, et ont tiré une soixantaine de coups de feu. Ils ont tué deux hommes et en ont laissé deux autres pour morts. Ces deux derniers ont été gravement blessés, mais ils ont survécu par miracle.

Incident banal

Quatre mois après la fusillade, l'enquête sur cette affaire suivait son cours, mais n'avait pas encore abouti.

Un incident banal, dans la matinée du 16 juillet, allait précipiter les choses. Vers 11h30, les policiers Jonathan Painchaud et Daniel St-Laurent patrouillaient dans une voiture du SPVM, dans l'arrondissement de LaSalle. Alors qu'ils attendaient à un feu rouge, à l'angle des rues Newman et Angrignon, un automobiliste a donné deux coups de klaxon à l'intention d'une autre voiture dès que la flèche pour tourner à gauche est devenue verte, a raconté l'agent Painchaud. Cet empressement a incité les policiers à intercepter la Chevrolet Impala de couleur argent, dont le conducteur était si pressé.

Le policier Painchaud a expliqué qu'il y a un article dans le Code de la sécurité routière qui interdit de klaxonner sans raison.

Au volant de l'Impala, il y avait un homme qui, à la demande du policier St-Laurent, a montré son permis de conduire. Il s'agissait de Carey Isaac Regis.

Les policiers ont «enquêté» sur l'individu par l'entremise du Centre de renseignements policiers du Québec. Ils se sont rendu compte qu'il était un «sujet d'intérêt» pour leurs collègues des homicides. Le policier Painchaud a tout de suite téléphoné aux homicides, avec son portable.

«J'ai parlé au sergent-détective Beaulieu. Il m'a dit que Regis allait être arrêté pour meurtre. Il m'a dit qu'il allait s'informer et me rappeler. Une minute après, il a rappelé et a dit qu'on devait l'arrêter pour meurtre, et le transporter au Centre opérationnel Est», a raconté M. Painchaud.

Ce que les deux policiers ont fait. M. Regis, qui était «calme», a été amené au poste de police en question, où il a été écroué.

Les raisons

En contre-interrogatoire, Me Franco Schiro, qui représente l'accusé Regis, s'est attardé sur les raisons qui ont incité les policiers à arrêter son client.

Il a voulu savoir combien de contraventions l'agent Painchaud avait données dans sa carrière pour les coups de klaxon intempestifs, combien de contraventions il donnait par jour en général (entre zéro et une, a dit l'agent), si ses supérieurs trouvaient que c'était assez... Me Schiro lui a aussi déclamé des numéros d'articles du Code de la sécurité routière, en lui demandant d'en donner la définition. Ce que l'agent ne pouvait faire «par coeur», a répondu ce dernier.

Un peu plus tôt, l'agent Painchaud avait été invité à identifier l'accusé Regis dans la salle d'audience.

Le policier a d'abord fait un tour d'horizon visuel dans la salle, puis a reconnu Regis, dans le box des accusés. Me Schiro en a fait toute une histoire. Pourquoi avoir regardé dans la salle plutôt que directement dans le box? Étant policier, il devrait savoir que les accusés sont dans le box. Ou du moins, il aurait dû le remarquer en entrant dans la salle d'audience.

«Donc, vous ne portez pas attention aux détails», a décrété péremptoirement l'avocat.

Le procès se poursuit aujourd'hui, avec la suite du contre-interrogatoire de l'autre policier.