Armes, cocaïne, violence... Dans ses vidéos, Roi Heenok aime bien frimer pour étoffer son «gangsta rap». Mais dans la vraie vie, Hénoc Beauséjour, l'homme derrière le personnage, assure qu'il tient à rester «propre». Son acquittement en Cour du Québec, récemment, lui enlève le poids qu'il traînait depuis cinq ans et demi.

«Ça m'a fait beaucoup de mal», dit l'homme de 38 ans.

M. Beauséjour faisait face à différentes accusations en lien avec des armes qui ont été trouvées dans les studios où il travaille, rue Saint-Ambroise, à Montréal. La police a débarqué en pleine nuit pour perquisitionner l'endroit, en avril 2008. C'est un citoyen qui avait alerté la police, après avoir vu sur l'internet un rappeur «qui s'excitait avec des armes».

De fait, les policiers ont trouvé trois armes cachées dans des coffrets dans un des locaux. M. Beauséjour a été arrêté et accusé, avec trois autres de ses collègues. Depuis, les accusations ont été abandonnées contre deux d'entre eux, mais sont restées pour M. Beauséjour et Étienne Fleury, 30 ans, qui rappe lui-même sous le nom de «Atlas». Ces derniers avaient passé quelques jours en détention, avant d'être libérés sous cautionnement. Ils ont toujours respecté leurs conditions, a indiqué le procureur de la Couronne, Pascal Dostaler.

Procès annulé

Après toutes ces années, le procès de M. Beauséjour et M. Fleury, représentés respectivement par les avocats Clemente Monterosso et Pierre Poupart, devait s'ouvrir la semaine prochaine, à Montréal. Mais il n'aura pas lieu.

Il y a huit jours, devant le juge Claude Parent, la Couronne a retiré les accusations contre M. Beauséjour, et ce dernier a été acquitté. M. Fleury, dont l'ADN a été retrouvé sur une des armes, a pour sa part plaidé coupable à une accusation de possession d'arme, et a été condamné à une peine de 12 mois dans la collectivité.

Il a été établi qu'il y avait beaucoup de va-et-vient dans ces locaux, ce qui aurait compliqué d'autant plus la preuve de possession. D'autre part, les armes trouvées sur place n'étaient pas celles utilisées dans la vidéo, selon Me Dostaler.

Des portraits

M. Beauséjour, qui fait du rap en français, admet qu'il en «beurre épais» dans ses vidéos. Ce qu'il aime, c'est «peindre des portraits avec le rap», dit-il. Dans la vraie vie, il assure qu'il ne lui est jamais rien arrivé de fâcheux, hormis cette perquisition en 2008.

«Je suis une personne propre. Je n'ai jamais eu une scratch. Je n'ai jamais eu un policier qui m'a fait chier dans ma vie. Ils ont toujours été corrects avec moi», dit celui qui est père d'un adolescent, et qui sera père à nouveau dans quelques mois.

Roi Heenok connaît un certain succès dans son créneau, notamment sur le web, et en France. Un collectif français, Kourtjamé, avec à sa tête Romain Gavras (fils du cinéaste Costa-Gavras) a d'ailleurs réalisé un petit film à son sujet, intitulé Les mathématiques de Roi Heenok. Selon M. Beauséjour, la personne qui a porté plainte en 2008 s'est basée sur ce film.